Les choses commencent ...
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dbut de la manifestation de charonne
blesses manif charonne 1962
blesses charonne 1962
manifestant charonne 1962
C’est sur le boulevard Beaumarchais que les choses commencent à se gâter. Il est 18h20 qu les manifestants, précédés par des porteurs de banderoles et criant  O.A,S. assassins, apparaissent. Il fait un froid humide qui graisse le pavé et épaissit l’air à tel point que ni les enseignes des cafés, ni les devantures des magasins, ni les phares des voitures ne réussissent à dissiper l’obscurité.
La foule des manifestants s’avance. Des deux côtés du boulevard, les policiers s’immobilisent, laissant traîner le bout de leurs bâtons blancs sur les trottoirs. Et tout à coup les chefs qui mènent le cortège d’en face lèvent les bras.
C’est un signal. Aussitôt les projectiles volent. Touché à la jambe un gardien s’écroule tandis que ses collègues chargent.
Alors que je suis sous une averse de fonte, raconte un reporter, je vois un autre agent porter la main à son casque, la retirer et  la regarder d’un air étonné : elle est pleine de sang. Il se retourne alors vers l’un de ses camarades qui le soutient et l’espace d’un instant j’aperçois son visage : il n’a plus de nez.
Emporté par la vague, je m’engage dans la rue du Chemin-Vert. Là, je vois un étudiant en scooter essayer de traverser la bagarre, recevoir à la volée un coup de matraque sur le crâne et tomber dans le ruisseau en criant : Je n’ai rien fait. 
En fait, en un instant la bataille est devenue si confuse, succession de heurts sporadiques entre petits groupes, qu’il devient impossible de la décrire. Rue Saint-Gilles, le même reporter voit des jeunes manifestants assommer un agent avec son propre casque et un agent se faire lyncher sous la porte cochère d’un immeuble où il tentait de se réfugier.
Mais, à quelques pas de là, ce sont les agents qui s’acharnent sur une sorte  de monceau humain formé par une vingtaine de personnes qui, en fuyant, se sont heurtées à un cycliste qu’elles ont renversé et sur lequel elles se sont agglutinées… 
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Le drame de Charonne