Les accords de Matignon ...
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Ce 7 juin est un dimanche. A 15 heures, à l'Hôtel Matignon, voici face à face dans la grande salle où siège d'ordinaire le Conseil de Cabinet, les représentants du capital et du travail. A la tête de ceux-ci, et flanqué de Belin et Frachon, Léon Jouhaux (haut, gauche), son petit bouc, ses joues débordantes et son ventre replet, secrétaire général de la C.G.T, depuis 27 ans. La discussion s'engage sous l'arbitrage de Léon Blum. Longue, serrée, mais courtoise dans la forme.
Puisque la loi va régler le principe des 40 heures, des congés payés et des conventions collectives, c'est sur les modalités de celles-ci, et plus encore sur le relèvement des salaires, que les points de vue s'opposent. Les travailleurs demandent une augmentation immédiate de 10 à 15 %. Impossible, sans mener les entreprises à la faillite, répond le patronat. A la rigueur de 7 à 10%.
A 18 h 15, les négociations s'interrompent; les deux délégations vont rendre compte à leurs mandants, tandis que Léon Blum se rend au Vel d'Hiv où se tient un meeting du Front populaire. Les membres de la Conférence se retrouvent tard dans la soirée. Des désaccords persistent. Léon Blum impose alors son arbitrage. A une heure du matin, les Accords Matignon sont enfin signés. Ils prévoient en particulier, l'établissement immédiat de contrats collectifs de travail et une augmentation générale des salaires de 7 à 15 %.
Le lundi matin, la presse de gauche illumine, et le soir, à la radio, Jouhaux exalte Cette victoire de la classe ouvrière.
Les textes se succèdent au Parlement: extension des allocations familiales aux professions de l'agriculture ; prolongation de la scolarité et interdiction de l'emploi desenfants de moins de 14 ans dans l'industrie et le commerce; aménagement des prélèvements sur les appointements des fonctionnaires ; exonération de l'impôt sur les pensions ; nationalisation des industries d'armement; programme de grands travaux; nouveau statut pour la Banque de France, etc.
D'autres mesures encore plus importantes sont adoptées. Ainsi, les 40 heures de travail hebdomadaire
Bien sûr, l'autre réalisation emblématique est celle des congés payés, qui ne figurait pas dans le programme du Front populaire.
Une mesure jugée trop illusoire ? Peut- être... Il n'empêche que les travailleurs ayant plus d'un an d'activité salariée bénéficient désormais de 14 jours de congés, dont 12 ouvrables.
Dans la foulée, le sous-secrétaire d'Etat aux Sports et aux Loisirs, Léo Lagrange (en bas), crée le billet de congé populaire annuel à 40 % deréduction. Dès l'été 1936, près de 600000 travailleurs en profitent
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