Lecture de Keitel...
Le second drame du carrefour de Compiègne se jouera en douze minutes. Ainsi que Weygand, naguère, le chef de la Wehrmacht, le colonel-général Wilhem Keitel, était resté debout dans le compartiment. Raidi de morgue empli arrogante joie de la revanche. Le chef d’Etat-Major d’Hitler entama la lecture du préambule des négociations d’armistice, un monument de mensonge et d’orgueil, qui accusait la France de parjure et d’agression : C’est dans le même wagon, lut Keitel, que commença le calvaire du peuple allemand… Cet endroit a été choisi pour effacer une fois pour toutes, par un acte de justice réparateur, un souvenir qui, pour la France, n’était pas une page honorable de son histoire… La France est vaincue, poursuivit le général allemand. Le but de l’Allemagne est d’empêcher une reprise des hostilités, d’offrir aux armées du Reich toute sécurité pour poursuivre la guerre contre l’Angleterre…
Il avait fallu six minutes à Keitel pour débiter sa harangue plus six autres à Schmidt pour en traduire le texte aux Français
Hitler se lève...
Lorsque l’interprète eut achevé, Hitler se leva instantanément. Son rôle à lui était joué. C’était maintenant à Keitel, son représentant, de conduire les négociations, c’est-à-dire de communiquer aux plénipotentiaires français l’ultimatum auquel ils devraient se soumettre pour que l’Allemagne cessât le combat contre la France. Aussi longtemps qu’Huntziger. N’aurait pas signé, les hostilités naturellement se poursuivraient.
Suivi de son escorte, Adolf Hitler sortit du wagon. Jusque-là, se rappelle Paul Schmidt, «Français et Allemands étaient restés en face les uns des autres, les visages figés, comme s’ils avaient été tous des statues de cire».
Négociations...
A l’intérieur du wagon de Rethondes, assisté de l’interprète Schmidt et d’autres officiers d’état-major, Keitel s’installa en face d’Huntziger et des Cinq autres Français. La discussion pour l’arrêt de la guerre dura plus de vingt-sept heures. Pied à pied, les Français se défendaient ; mais c’était peine perdue.
Signature...
A 18h 50 le samedi 22 juin, le général Charles Huntziger signa le traité de capitulation de la France devant le Reich hitlérien. Dans le wagon de Compiègne, un à un, les yeux brouillés de larmes, les Français se retirèrent. Keitel retint le dernier et adressa, à Huntziger, suivant son expression, quelques brèves paroles de soldat. Finalement, le vainqueur tendit la main au vaincu.
Cependant, le général- Huntziger s’excusa. Et, devait rappeler plus tard Keitel avec un certain dépit, il quitta le wagon en ne m’adressant qu’un bref et strict salut militaire