Les vautours à croix gammée ...
rideau
sous les bombardements allemands
Roger Ikor raconte qu’il a subi quatre heures durant un de ces bombardements. Les stukas n’étaient pas impressionnants en eux-mêmes, ils ressemblaient à de vieux biplans lents et démodés. lis paraissaient par trois, quatre ou cinq. Pas de vibration profonde des escadres, un teuf-teuf archaïque d’avions qui se suivent à la queue leu-leu, dont les roues ne se rentrent pas en vol.
 Mais ces vautours à croix gammée, à deux cents mètres du sol, épient leur proie sans se presser, repérant la cible avec soin. Ils sont effrayants au piqué, quand les petites crottes noires se détachent des ailes pour exploser en une pluie d’éclats mortels. On voit  l’avion vous foncer dessus personnellement, visant votre ventre, avec l œil cruel de l’hélice qui vous ajustait, vous fascinait.
Le degré de peur se mesure à celui des décibels. Au sol les enfants hurlent, les mères ensanglantées titubent. L’asphalte de la route vole en éclats, les vitres des voitures explosent. Ils descendent en arrachant les tympans jusqu’à cinquante mètres, à portée de mousqueton, de revolver.
stukas
Quand ils repartent, les soutes vides, les suivants sont là, le ciel n’est jamais désert, ils semblent innombrables. Ils vont se poser sur les aérodromes du Rhin, faire leur plein d’essence et de bombes et reviennent aussitôt. Ils sont les maîtres du ciel, lâchent la foudre où ils veulent. Personne ne peut se cacher, se mettre à l’abri. Ils voient tout et frappent comme l’éclair, sans être contrariés. Ikor n’a jamais vu abattre un stuka. Ils sont la première tarentule de l’exode, l’incessante banderille qui vient stimuler le corps amorphe de la colonne innombrable. Si les partants n’ont pas de destination précise, ils savent qu’ils veulent gagner, au plus tôt, un pays qui ignore les stukas.
soldats français 1940
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Vautours à croix gammée