L'entraînement des volontaires
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allemands pendant la bataille des Ardennes
Combien d'ailleurs de ces pseudo-G l's possédaient vraiment l'anglais ? Une dizaine au maximum, anciens marins, ou ressortissants germano-américains, dont quelques-uns même avaient servi dans l'armée des Etats-Unis. Ils devinrent les instructeurs. Venaient ensuite cent cinquante hommes, dotés encore de bonnes notions d'anglais scolaire on les envoya acquérir un vernis de perfectionnement dans les camps de prisonniers de Limbourg et Küstrin. Les autres, à peu près complètement ignorants, furent munis d'un répertoire de jurons et de quelques mots-clés.

Le premier principe de l'entraînement résidait dans un bouleversement complet de la psychologie individuelle. Il ne s'agissait pas de durcir des soldats normaux, d'en faire des hommes de corps francs, mais de transformer complètement des volontaires, de leur donner un autre comportement et presque une âme nouvelle. La nationalité ne se marque pas seulement par des habitudes de vie, des gestes ou des jurons. Il est relativement facile d'apprendre à siffler au spectacle au lieu d'applaudir, de mâcher le chewing-gum comme un indigène du Bronx ou de Brooklyn, et d'être incollable sur les secrets de l'instruction du maniement d'armes, tout comme un vrai noncom. Mais les instincts profonds ne se renversent pas sur commande. Séparés de leurs vieux camarades de guerre, incertains du sort qui les attendait, dépourvus de tout point de repère pour se recréer un univers familier, les volontaires, dès le départ, marchaient en aveugles.

S'ils avaient été tentés de rompre avec la monotonie de la vie militaire, les volontaires devaient éprouver une assez amère déception en apercevant - à Grafenwoehr du moins - la lente marche des sentinelles qui, tous les trente mètres, surveillaient la clôture du camp. On avait recruté celles-ci parmi des membres des minorités allemandes de l'étranger, des Volksdeutsche, appartenant à la SS, et jugés plus sûrs que leurs camarades nés dans le Reich. Les livrets militaires allemands avaient été retirés et tous les liens avec l'extérieur avaient été radicalement tranchés. Un volontaire fut fusillé pour avoir fait passer chez lui une lettre où il décrivait trop complaisamment sa vie, en dépit du serment de silence total qu'il avait prêté. Même les malades graves ne partaient pas pour l'hôpital, et les autres recevaient préventivement des médicaments contre grippes et rhumes.

soldat allemand à la Bataille des Ardennes
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Le dernier coup des SS