Le tribunal de Nuremberg ...
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Dans une atmosphère étrange, survoltée, toute l’énorme machine judiciaire de quatre nations, érigée en tribunal des peuples et de l’Histoire tenait en place, prête à fonctionner. Il était 10 heures du matin, le mardi 20 novembre 1945. 
Depuis un moment déjà, les caméras des actualités cinématographiques étaient entrées en action et les opérateurs braquaient leurs objectifs sur une grande estrade, dominant la salle, où les huit magistrats, revêtus de la robe noire particulière aux tribunaux de l’Occident ou en uniformes marron à épaulettes plates de l’Armée Rouge, venaient de gagner leurs sièges.
Les juges soviétiques, américains, français et anglais portaient respectivement les noms de Nikitchenko et Volkov, Biddle et Parker, Henri Donnedieu de Vabres et Robert Falco, Birkett et – le dernier – Lord Justice Geoffrey Lawrence, magistrat suprême du Tribunal militaire international de Nuremberg, qui avait abandonné la traditionnelle perruque d’argent en usage dans son pays, pour conduire les débats. Trois minutes s’écoulèrent. Et, sur la gauche du tribunal, une porte s’ouvrit.
La salle se figea et tous les souffles se suspendirent. Le pas lourd des accusés se mit à retentir dans l’extraordinaire et absolu silence que rompait, seul, le ronflement des appareils cinématographiques et de climatisation.
Les uns à la suite des autres, ils entrèrent. Ils étaient vingt. Le vingt et unième était resté dans sa cellule à la suite d’une hémorragie cérébrale. C’était Kaltenbrunner, l’ancien chef de la Police de Sûreté du Reich, successeur de Heydrich et adjoint d’Himmler à la Gestapo. Seuls, les trois militaires, leurs épaulettes et leurs insignes arrachés, avaient conservé le vieil uniforme, maintenant bien défraîchi, fripé et suranné, qu’ils portaient au moment où des soldats alliés avaient mis la main sur eux.
Tous les autres étaient en vêtements civils. Durant des mois, depuis leur capture, revêtus de treillis de l’armée américaine, ils avaient été astreints à balayer leur cellule et, trois fois par jour, ils avaient mangé dans des gamelles militaires, comme n’importe lequel des soldats qui veillaient à leur porte.
Le monde entier connaissait maintenant les noms de ces hommes. Mais la plupart de ceux qui se trouvaient présents dans la salle de Justice de Nuremberg ne les avaient jamais encore approchés ; en dehors de quelques photos ou de bandes filmées, presque tous ignoraient la particularité de leur démarche, l’expression de leur visage, l’éclat de leur regard ou le son de leur voix. Instantanément, les vingt accusés furent scrutés, épiés, Inspectés.Ils se nommaient ...
Gœring, numéro deux du régime.
Keitel, chef du commandement suprême des armées.
Jodl, l’âme damnée d’Hitler au Q.G. du Haut Comman-dement de la Wehrmacht,
Ribbentrop, ministre des affaires étrangères.
Les amiraux Raeder et Doenitz.
Seyss-Inquart, commissaire du reich pour les Pays-Bas.
Streicher, directeur de presse, propagandiste antisémite.
Frank, gouverneur général de la pologne occupée.
Sauckel, commissaire général à la main-d'oeuvre.
Baldur von Schirach, chef de la jeunesse hitlétienne.
Les diplomates de second rang von Papen et von Neurath, l’ancien ministre de l’Intérieur Frick, les économistes Schacht et Funk.
Rosenberg, idéologue du parti nazi.
Speer, ministre de l'armement.
Fritzsche, en charge de la propagande, ancien adjoint de Gœbbels,
Rudolf Hess, adjoint de Hitler jusqu'en 1941.
Il prirent la direction des deux rangées de bancs à dossier du box, de l’autre côté de la travée centrale.
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Procès de Nuremberg