Bombes au casino de la Corniche
casino de la corniche
Yacef vivait dans un état second. La population musulmane avait diversement apprécié les attentats des lampadaires. Drôle de façon de la venger des militaires en tuant des enfants et des frères qui rentraient de leur travail.
Yacef décida de mieux dose, de mieux choisir le lieu des attentats. Car maintenant, il fallait continuer. A tout prix. Pour aller où ? Yacef l'ignorait. Sans ordres du C.C.E., il essayait maintenant d'attirer coûte que coûte à Alger les unités qui mettaient en grave danger les commandos de la wilaya 4. Tant pis pour la casse.
Au Casino de la Corniche, situé sur un éperon rocheux de Saint-Eugène, dans la proche banlieue d'Alger, un gamin de dix-sept ans, plongeur dans l'établissement, posait un paquet sous l'estrade qu'occuperait quelques heures plus tard l'orchestre de l'enfant chéri de Bab-el-Oued : Lucky Starway.
Le Casino de la Corniche était le nouvel objectif de Yacef. Là, pas d'enfants. Seulement des jeunes gens, beaucoup de militaires, d'inspecteurs de police, de joueurs. Et pas de musulmans. Ils étaient refoulés à l'entrée. C'est pourquoi Yacef avait eu besoin de la complicité d'un employé du Casino. Il ne l'obtint qu'en promettant au jeune homme de le faire évacuer au maquis avant l'explosion de la bombe.
attentat du casino à Alger

L'engin explosa 18 h 55, fauchant des dizaines de couples qui dansaient tendrement. L'estrade fut littéralement soulevée par l'explosion. Le piano réduit en miettes. Lucien Scror, dit Lucky Starway, était mort sur le coup, éventré. Sa chanteuse eut les pieds arrachés, le danseur Paul Pérez, les jambes sectionnées. Lorsque la fumée et la poussière des gravats furent retombées, plus de cent personnes gisaient dans les décombres, perdant leur sang. Le silence qui succéda à l'explosion fut bientôt déchiré par les hurlements des blessés. La bombe ayant explosé au ras du sol la plupart des victimes étaient atteintes aux membres inférieurs.
Huit morts. Quatre-vingt-un blessés dont dix furent amputés !Les douze blocs opératoires de l'hôpital de Mustapha fonctionnèrent toute la nuit. Alger était à nouveau atteint de folie sanguinaire. Le cycle répression-attentat avait repris avec une intensité que jamais la capitale n'avait connue.
Et le mardi, aux obsèques des victimes, ce fut l'émeute. Comme à l'enterrement de Froger. Les ratonnades. Les magasins saccagés. Les C.R.S. qui tentent de contenir la foule en furie. Les grenades lacrymogènes... Le couvre-feu fut établi à 21 heures.
L'exaspération était à son comble. Chez les Européens, chez les musulmans, on veillait des corps. Le, fossé venait de s'élargir et de se creuser un peu plus. Ce. n'était plus un fossé, mais un ravin ! Les débris laissés par l'émeute étaient tout juste balayés, la fumée des gaz lacrymogènes était à peine chassée par l'air printanier que Bigeard et ses hommes du 3.. R.P.C. revinrent dans le merdier.

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