Attentat des lampadaires du 3 juin 1957
Depuis les attentats des stades, le 9 février, aucune bombe n'avait éclaté dans le centre d'Alger. Yacef avait préféré reprendre en main politiquement la population et éviter que la répression ne s'abatte à nouveau sur la Casbah, qui était son dernier refuge.
Le massacre du Ruisseau et un appel au secours de la wilaya 4, qui, à son tour, se heurtait aux parachutistes, amorcèrent le nouveau cycle de la terreur.
Le lundi 3 juin à 15 heures, la foule qui circulait dans le centre d'Alger ne remarqua pas quatre hommes vêtus de l'uniforme de toile bleue de l'E.G.A. s'affairer autour d'un socle de lampadaire près de la grande poste. Meraoubi, l'un des membres des nouveàux commandos de Yacef, ouvrit grâce à une clef procurée par un véritable employé du Gaz d'Algérie, le socle d'un lampadaire qui servait également d'arrêt d'autobus. L'un des hommes qui l'accompagnaient fit semblant de resserrer quelques boulons à l'intérieur du socle peint en blanc, un autre déposa une petite boite qu'il avait sortie de sa sacoche de gros cuir patiné. Meraoubi verrouilla la petite porte et les hommes poursuivirent leur chemin. Qui pouvait soupçonner les préposés à l'entretien de poser des bombes ?
Les quatre hommes renouvelèrent leur manège au bas de la rue Hoche, à la station du Moulin et au carrefour de l'Agha, face au Mauretania, près du café Métropole.
Ce fut affreux. Entre 18 h 25 et 18 h 30 les trois socles de fonte explosèrent, transformés en véritables shrapnels. Rue Hoche, le trolley venait de démarrer lorsque la bombe explosa : il n'y eu que deux blessés.
Mais au carrefour de l'Agha se pressait une foule de petits employés et d'ouvriers européens et musulmans qui regagnaient Bab-el-Oued, il y avait aussi des gosses qui sortaient d'une école voisine. Soudain le lampadaire vacilla au milieu d'une explosion gigantesque. Lorsque la fumée se dissipa, des corps criblés d'éclats de fonte gisaient au sol. Une jeune fille, le ventre déchiré, hurlait ; un homme, le crâne enfoncé par un éclat, s'était écroulé, les bras en croix. Foudroyé.
Rue Alfred-Lelluch, devant la droguerie Cote, le socle du lampadaire avait été pulvérisé, mitraillant à bout portant la foule dense qui se pressait pour prendre le trolley.
Sept morts dont trois gosses de six, dix et quatorze ans, et quatre-vingt-douze blessés, Européens et musulmans mêlés, furent relevés sur la chaussée sanglante.
L'opinion publique se souleva devant l'horreur des attentats. Il fallait faire quelque chose.Salan, appuyé par Lacoste, fit revenir d'urgence les unités parachutistes qui, en février, avaient obtenu de si bons résultats. Les léopards revenaient pour la deuxième partie de la « bataille d'Alger ».
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