Mort d'Ali la Pointe, fidèle de Yacef Saadi
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ali la pointe
8 octobre 1957: 5, rue des Abderames, 19 h 55.
Les paras... Ali souleva Petit-Omar du lit où il jouait. Mahmoud était déjà dans la cache. Ali rabattit le panneau. De l'autre côté de la cloison, la femme de Mahmoud étala un mélange de stuc et de noir de fumée sur la charnière du panneau. Puis elle rangea rapidement la pièce, faisant disparaître les tasses à café. Toute la rue était en émoi. Un vaste filet entourait le quartier Porte-Neuve. Les voies étaient bloquées. Toutes les terrasses étaient investies.
A 20 heures, un coup de sifflet retentit. Alors avançant dans les ruelles, sautant de terrasse en terrasse, des centaines d'hommes convergèrent vers le 5, rue des Abde rres.
Méthodiquement, tous les immeubles furent évacués. La cache était localisée. Une femme terrorisée la montra du doigt. Peu importait aux hommes du commandant Guiraud, ils savaient qu'Ali était là. Un capitaine passa le doigt le long des carreaux de faïence et le retira maculé. Quatre paras dirigèrent le canon de leur mitraillette vers l'entrée de la cache.
Sur les terrasses, sur les balcons, dominant le patio où s'ouvrait l'appartement, les silhouettes des paras se détachaient sur le ciel éclairé par les projecteurs fixés sur les maisons voisines. C'était un véritable siège. Dans la pièce le capitaine continuait son monologue.
« Ali. Sors. C'est fini. On va faire sauter la cloison si tu ne te rends pas. » Un lieutenant entra avec un paquet de plastic à la main. Une très longue mèche sortait, rejoignant l'extérieur de la maison.  « J'allume la mèche. Tu as trente secondes pour réfléchir. »
Le cordeau Bickford crépita. Les soldats sortirent de la pièce. Dans la cache, ni Ali, ni Hassiba, ni Mahmoud, ni Petit-Omar n'avaient bougé.

L'explosion abattit deux pans de mur. Puis tout le quartier crut à un bombardement. Les bombes récupérées par Ali explosèrent en chaîne. La maison située au fond de l'impasse Silène s'effondra sur ses habitants qui, eux, n'avaient pas été évacués. Des paras qui guettaient sur les terrasses se retrouvèrent, blessés, à l'étage inférieur.
Lorsque la fumée et la poussière des gravats furent dissipés, on mesura l'étendue du désastre. Il ne restait qu'un grand trou à la place du n° 5, rue des Abderames.
Une pluie fine tombait. Le ciel lourd charriait de gros nuages qui prenaient des reflets gris à la lumière des projecteurs. On commença à fouiller les décombres. Outre les quatre membres de l'équipe créée par Yacef, dix-sept personnes, dont quatre fillettes de quatre et cinq ans, avaient trouvé la mort.
Les léopards avaient exécuté à la perfection les ordres des civils. Les derniers germes du F.L.N. gisaient sous les décombres de la rue des Abderames.
La  bataille d'Alger était terminée.

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Deuxième bataille d'Alger