Rafle monstre dans la casbah
rideau

Le 26 mai 1956, dans la Casbah, c'est une rafle monstre. L'opération mobilise 1500 policiers en civil et en uniforme et des éléments de l'armée et de la marine représentant plus de 6000 hommes. A minuit, tout se déclenche. L'encerclement de la ville arabe est achevé et aucun habitant ne peut plus ni entrer ni sortir. Chaque rue, chaque impasse et le plus grand nombre possible de maisons vont être fouillées. Le secret a été parfaitement gardé. Aucune des unités appartenant à la division d'Alger n'a, pour cette raison, participé à l'opération. On les a prélevées dans le reste de l'Algérie, sous des prétextes divers : opérations, revues, et embarquées en camion.
A 4 heures, le dispositif de l'armée est en place. Derrière les façades, la Casbah retient son souffle. Des voitures à haut-parleur sillonnent les rues, demandant aux habitants de rester chez eux, de ne pas s'opposer aux forces de l'ordre, d'éviter les incidents. Vérifications et perquisitions commencent, menées par les policiers, les C.R.S. et les gendarmes.
Entreprise immense quand on songe que la Casbah abrite plus de 80 000 musulmans. A l'aube, un hélicoptère se met à tourner au-dessus de la ville arabe, surveillant les terrasses et aussi tout rassemblement suspect.

Une des premières perquisitions met au jour, rue de Solferino, un P.C. souterrain du M.N.A. ! Il a été installé dans une vaste cave, qu'on a pu découvrir grâce à un détecteur de mines. Le bilan est lourd : trois machines à polycopier, des cartes, des cachets et un petit arsenal destiné à défendre le P.C. : 3 fusils, 2 mitraillettes, une vingtaine d'armes, un nombre plus important de coupe-coupe.
Etrangement, chez un des civils européens habitant le quartier arabe, un communiste, Désiré Dubau, on découvre 7 fusils de guerre et de chasse, 5 pistolets, un poste de radio émetteur et récepteur. Au fur et à mesure que les perquisitions se poursuivent, la Casbah livre son profil clandestin : officines pour la fabrication de fausses cartes d'identité, collecteurs de fonds qui n'ont pas eu le temps de planquer leurs carnets à souche indiquant les sommes encaissées. Des assistantes sociales, mobilisées pour participer à l'opération, fouillent les femmes. Une d'elles découvrira, enfouis dans les vêtements d'une citadine de la Casbah, 1200000 francs provenant de taxations clandestines.

rafle à alger en 1956
guerre d'algerie en 1956

Au total, des centaines d'armes et des milliers de cartouches sont exhumées. Et 4 480 suspects embarqués dans les camions de l'armée et immédiatement conduits au stade de Saint-Eugène, dans la banlieue d'Alger, transformé en un vaste centre de triage. Au terme de la journée, 400 personnes sont maintenues en état d'arrestation. Un homme sera tué : il tentait de s'enfuir par les terrasses. Un autre, qui s'était jeté d'un toit dans une cour, sera relevé, une jambe brisée. Le 27 mai, à 20 heures, le dispositif est levé, et l'armée rend la Casbah à sa vie habituelle. Aucun des clandestins qui téléguident le terrorisme à un échelon élevé n'a été pris. La fourmilière, un instant troublée, va se refermer sur elle-même et les attentats reprendront.

rafle à alger en 1956
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Première bataille d'Alger