Les paras en action
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paras en kabylie

A 17 heures, le 22 mai, le départ est donné. Et le convoi s'engage, plein sud. Deux heures plus tard, il est à Médéa, déjà en pleine montagne. On y fait halte pour procéder au rassemblement du régiment; les paras profitent de la pause pour s'équiper contre le froid de la nuit en endossant tricots et vestes matelassées et en s'entourant le cou de foulards camouflés à grosses mailles. Le convoi roule tous feux éteints et atteint sa destination à 23 h 30.
La nuit pâlit déjà lorsque la 3e compagnie atteint ses positions. Les paras ont tôt fait de se débarrasser de leurs sacs; cela, c'est encore une idée du patron : à quoi bon, en effet, courser un ennemi par définition rapide si l'on doit porter une charge de quinze à vingt kilos sur le dos ? On laisse le matériel sur place et on le reprend après coup. Le piège est désormais en place. Tandis que les fusils mitrailleurs tiennent les crêtes, les armes individuelles prennent d'enfilade les cheminements longeant l'oued et ses affluents ainsi que les sentiers qui courent à flanc de montagne. Les 700 paras du 3e R.P.C., le doigt sur la détente, se figent dans une immobilité de pierre, observent un silence minéral. Ils vont rester ainsi près de sept heures d'affilée !
Dix kilomètres plus au nord, le capitaine de la 3e compagnie inspecte ses sections en embuscade : on ne voit pas une casquette dans le moutonnement des fourrés. Les fells peuvent venir!
A la même heure, après avoir dormi à la belle étoile, Si Lakhdar, Si M'hamed et Azzedine se mettent en route.
Azzedine ouvre le chemin avec son commando. Si Lakhdar assure le centre et les arrières avec deux katibas, soit l'effectif de deux compagnies. Les hommes, en file indienne, s'engagent vers le nord-ouest par le lit de l'oued Boulbane. Rien ne bouge dans ce paysage encaissé où la végétation est rare et déjà desséchée par le soleil de printemps. Soudain, une longue rafale de F.M. retentit, répercutée par les rochers de l'autre versant. Et c'est l'enfer.

Le premier moment de surprise passé, les maquisards du F.L.N. se jettent à terre. Ils sont 100 parachutistes contre 300 fellaghas. . Bigeard a aussitôt saisi la situation : les rebelles vont tenter de se faufiler vers le nord. Il faut leur barrer la route. La compagnie d'appui, alertée, embarque instantanément; puis, un à un, les gros hélicoptères Sikorski foncent vers le lieu de l'embuscade tandis que les compagnies, au pas de charge, fermeront la nasse vers le sud.
Azzedine fait signe à ses hommes d'éclater par petits groupes vers le nord-ouest. Il veut entraîner les paras dans cette direction pour les amener sur Si Lakhdar; pendant ce temps, la deuxième katiba essaiera de déborder les Français sur leur gauche.
La compagnie d'appui et l'escadron entrent dans la danse au beau milieu des crépitements des mitraillettes et des éclatements des grenades. Les Sikorski, au point fixe à deux mètres du sol, déversent leur cargaison humaine, puis repartent pour effectuer une nouvelle rotation.
700 parachutistes encerclent quelque 300 fellaghas. Mais les rebelles pris au piège se défendent âprement; malgré l'appui aérien des chasseurs T-6 qui viennent, par vagues successives, arroser le terrain, les soldats du 3e R.P.C. subissent de furieuses contre-attaques, surtout en direction du nord, où Azzedine a décidé de percer coûte que coûte. Des combats corps à corps s'engagent. Le lendemain, la fusillade reprend. Elle durera quarante-huit heures, au terme desquelles près de 200 hommes de l'A.L.N. réussiront, nuitamment, à passer à travers les mailles du filet. Quand les paras iront au résultat, ils dénombreront 96 rebelles tués et 12 prisonniers. Plus de la moitié des morts ont été dépouillés de leurs armes, prises par leurs camarades de combat.. Dans l'affaire, les paras perdent 8 des leurs et comptent 29 blessés, la plupart d'entre eux très légèrement.

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