La maison kabyle
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interieur maison kabyle

La maison kabyle est la même partout. Il n'y a pas de cour extérieure, mais un patio autour duquel deux parties vien­nent s'articuler : l'une sert d'habitation au paysan pauvre et à sa famille, qui s'y entasse car la progéniture est nombreuse. Cette partie de la maison est une longue pièce étroite. L'autre partie sert à abriter l'âne qui sert à tirer la charrue, porter les charges, et sur lequel la femme du paysan va jusqu'à la source puiser l'eau. Le paysan lui-même l'utilise pour aller au marché hebdomadaire, avec ses mai­gres marchandises. En plus de l'âne, l'appentis abrite une vieille araire archaïque et des instruments rudimentaires.
La pièce habitable s'utilise pour tout faire. La femme du paysan y prépare la cuisine, roule le couscous, file la laine et tisse les tapis aux motifs extraordinaires, durant les terribles nuits de l'hiver kabyle, pendant lesquelles tout le monde se serre, à la lueur d'un quinquet fumeux.
Dans la même pièce, la marmaille turbulente s'ébat joyeusement à même le sol en pisé mais couvert de nattes, ces tapis peu épais qui sont l'apanage des familles pauvres en Algérie. C'est là aussi que les poules et les chats vivent en liberté totale et en coexistence pacifique, ambiguë certes, mais réelle, grâce à l'autorité de la maî­tresse de maison.

La nuit, tout devient calme et la poule perchée sur une poutre du plafond semble narguer la famille du paysan et méditer sur l'art de somnoler sans perdre sa vigilance à l'égard de tout matou vivant dans le voisinage. Dans la pièce, on tire les couvertures et les matelas, pour dormir. Autrement, il n'y a aucun meuble, sinon un énorme coffre en bois sculpté d'une beauté étonnante et d'une finesse extraordinaire. Il contient toutes les richesses de la famille : vieux vêtements, quelques bijoux en fer-blanc finement travaillés et égayés de couleurs vives. Les murs sont décorés de bibelots amusants : mains de fatma, lézards du désert empaillés dont les effets magiques sont indiscutables pour des paysans crédules, versets coraniques écrits maladroitement et naïvement épinglés au mur.
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