Ce 8 mai 1945 à Sétif c'est jour de marché. La ville est en effervescence depuis que l'on sait la victoire proche. Un mot d'ordre du P.P.A. clandestin a circulé : le jour de la victoire, manifestation pour exiger, après le sacrifice et la conduite des Algériens dans l'armée française, un peu de démocratie et de justice !
Dès 8 h 30 une foule de citadins auxquels se mêlent des paysans, des fellahs et aussi des scouts musulmans et des membres du parti se groupent près de la gare de Sétif. Ils se mêlent à la foule du marché. Les Européens s'inquiètent. La manifestation se dirige vers le centre. Les femmes encouragent les hommes de leur you-you stridents. Des pancartes sont brandies et paradoxalement c'est la plus anodine de ces pancartes qui va mettre le feu aux poudres. Un inspecteur de police qui sort du café de France lit sur celle-ci : Vive la victoire alliée ! Il est entouré, perd son sang-froid et tire sur le porteur de pancarte qui s'effondre, touché au ventre. Le détonateur fait son office. Des coups de feu partent de toutes les directions. Un jeune scout, Bouzid, qui tient le drapeau nationaliste, s'écroule touché à mort.