Rapport secret de la Commission Tubert
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Rentrée à Alger, la commission Tubert rédige son rapport au Gouvernement général. Rapport ultra-secret dont on ne parlera jamais. Bien mieux, les exemplaires, les copies de ce rapport sont rassemblés et mis au pilon ! Jamais, officiellement, on ne saura ce qui s'est passé à Sétif. Pourtant on a conservé trois exemplaires du rapport de la commission Tubert.
Trois faits nous ont été racontés à la commission prouvant l'état d'esprit de la population musulmane. Un instituteur de la région de Bougie donne à ses élèves un modèle d'écriture : Je suis français, la France est ma patrie. Les enfants musulmans écrivent : Je suis algérien, l'Algérie est ma patrie.
Un autre instituteur fait un cours sur l'Empire romain. Il parle des esclaves. « Comme nous », crie un gosse.
A Bône enfin une partie de football opposant une équipe entièrement européenne à un onze musulman doit être arrêtée par crainte d'émeute...
La multiplicité des renseignements qui sont parvenus à la commission permet d'affirmer que les démonstrations de cet état d'esprit couvraient tout le territoire algérien.
d'après le rapport la presque totalité de la jeunesse des facultés est acquise aux idées nationalistes ou, au moins, autonomistes... Les musulmans ayant séjourné en métropole comme soldats ou travailleurs ont porté leur attention sur des faits sociaux qui passaient inaperçus aux yeux de leurs parents. Ils font des comparaisons entre leur situation et celle des Européens, qu'ils jugent privilégiés. En outre ils acceptent difficilement que des Espagnols, des Maltais, des Italiens qui, souvent non naturalisés, ne sont pas appelés à défendre le pays où ils vivent, jouissent d'une position sociale supérieure à la leur. Enfin, ils jalousent les colons propriétaires de grands domaines. Un seul colon règne en maître sur des milliers d'hectares et ils comparent sa richesse à leur misère.
La répression des événements dont la commission vient d'analyser certaines des causes a été sévère. On peut l'établir officiellement ainsi : 500 à 600 indigènes tués par l'armée. 500 à 700 tués par les colons. 20 à 40 musulmans tués à Sétif par la police et la gendarmerie.
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