Le voyage de Mitterrand en 1954
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mitterrand en algerie
Ce fut un beau voyage avec prise d'armes, banquets, discours, rebanquets et rediscours. Et le grand circuit. Mitterrand voulait tout voir. On lui montra tout. La caravane de 15 CV Citroën noires parcourut, tel un long serpent brillant, les routes d'Algérie. Oran, Alger, Constantine. Sauts de puce en avion. Longs parcours en voiture avec arrêts traditionnels dans les villages pittoresques et les gros bourgs avec bon poids de bon Arabe, et d'enfants des écoles. Gueules ravinées sur fond de burnous et cliquetis de médailles des poilus et de ceux de la dernière, visages touchants, frais et rieurs des gosses qui agitaient leurs menottes crasseuses. Et, vigilant, l'élu local européen ou musulman à la caresse facile, à la poignée de main virile. Main sur le coeur et Marseillaise. Les uniformes étaient frais repassés, les décorations briquées, les ventres militaires rentrés pour les garde-à-vous de l'arrivée. Ce fut pourtant le voyage des cartes truquées.
Face à face : d'une part, Mitterrand, qui sent depuis longtemps qu'il se passe quelque chose. D'autre part, l'Algérie des grands colons qui ne tient pas, mais pas du tout à ce que la France s'occupe trop d'elle si ce n'est pour fournir des crédits. Les leaders du grand colonat vont donc s'efforcer de montrer au ministre une Algérie rassurante, prospère, mais pas trop, il faut penser à l'aide financière, et surtout parfaitement calme.
Lorsqu'il atterrit en Algérie, Mitterrand est l'incarnation de ce gouvernement Mendès qui fait si peur au grand colonat, qui donne tant d'espoir aux intellectuels musulmans mais qui laisse indifférente la grande masse de la population. Ce qui paraît clair à Mendès et à Mitterrand c'est qu'il faut que les musulmans se rendent compte qu'ils ont un gouvernement pas comme les autres. Gouvernement bien décidé, une fois l'affaire tunisienne réglée, à faire quelque chose pour l'Algérie. Et en premier lieu appliquer la loi, c'est-à-dire le statut de 1947 qui depuis sept ans reste en souffrance.
Lorsqu'il l'interrogea sur l'impression qu'il retirait de son voyage, le président Mendès-France entendit son ministre de l'Intérieur lui répondre : La situation est malsaine. J'ai peur qu'il ne nous faille, malgré les rapports rassurants, nous occuper du dossier algérien avant d'avoir réglé les problèmes déjà entamés. J'espère des renseignements concrets dans un proche avenir... Il avait six jours à attendre pour être fixé.
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