l'irréparable
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Le 22 mars 1962, à 21 heures, vingt hommes des commandos Z attaquèrent une patrouille de half-tracks de la gendarmerie mobile qui sortait du tunnel des facultés. Un tireur au bazooka, à plat ventre sur le trottoir atteignit le premier blindé. Ce fut le signal de la fusillade. Au fusil mitrailleur, à la mitraillette, à nouveau au bazooka, les troupes de l'O.A.S. firent reculer la patrouille. Les half-tracks tentèrent de faire marche arrière et de ressortir du tunnel vers l'avenue Pasteur. Ils y parvenaient lorsqu'une pluie de grenades MK.2 et M.26 lancées des jardins de la faculté, au-dessus du tunnel, pénétrèrent dans les caissons des véhicules. Des F.M. placés en embuscade rue Berthezène et avenue Pasteur, achevèrent le travail. Seul le servant du bazooka O.A.S. fut atteint d'une rafale de mitrailleuse. Les autres s'enfuirent, indemnes. Les gendarmes déploraient dix-huit morts et vingt-cinq blessés. Trois blindés étaient hors d'usage.
Les ordres impératifs de Salan étaient suivis. Degueldre allait-il voir son rêve se réaliser et Alger devenir un nouveau Budapest ?

le 23 mars 1962, à 10 heures, deux camions dérapent dans une flaque d'huile, place Desaix. Deux camions de bérets noirs du, des appelés du train. Immédiatement, plusieurs dizaines de jeunes gens de Bab-el­Oued les entourent. Ils tendent les mains vers leurs armes. A quelques mètres, attentif, un commando alpha les couvre. Mais à bord des camions, les bidasses ne veulent rien savoir pour livrer leurs mitraillettes. Surpris par la réaction hostile, les jeunes pieds-noirs hésitent. Les alphas arrivent à la rescousse. A bord d'un camion, un appelé musulman arme sa MAT. Et c'est le drame. Le commando O.A.S. ouvre le feu. Le pare-brise vole en éclats. Le chauffeur est tué. Sur le plateau du camion les soldats n'ont pas eu le temps de tirer. Pris sous le feu croisé ils tombent l'un après l'autre. A la hâte, les hommes de l'O.A.S. se saisissent de leurs armes et s'enfuient. Le silence est revenu des têtes apparaissent aux balcons, puis très vite se réfugient dans l'ombre des appartements, volets tirés. En bas, sept garçons sont morts. Onze sont blessés et gémissent en perdant leur sang.
Cette fois, l'irréparable était commis. L'O.A.S. avait ouvert le feu sur une patrouille d'appelés coupables de ne pas avoir « réfléchi ».

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Le commandant en chef, Charles Ailleret (gauche), quitta immédiatement Reghaïa pour la caserne Pélissier, d'où il décida de conduire lui-même la riposte à l'insurrection.
L'O.A.S. était allée jusqu'au bout de ses promesses. L'ultimatum expiré, elle considérait tout soldat français comme un soldat ennemi. Plus de quartier !
La lâche attaque de Bab-el-Oued fit le tour de la ville. Les appelés, qui, quarante-huit heures plus tôt, ne pensaient qu'à regagner leurs foyers, n'eurent plus qu'une idée : venger leurs copains tombés sous des balles françaises alors que le cessez-le-feu venait de mettre fin à sept années de guerre.
Pour éviter ces crimes aveugles, Ailleret fit intervenir dans un premier temps gendarmes et C.R.S. Eux avaient déjà durement payé mais ils avaient l'habitude du combat de rue. Et garderaient leur sang-froid.
Mais très vite, devant la réaction de Bab-el-Oued, il fallut se résoudre à appeler la troupe. De 10 heures à midi et demi, des combats sporadiques ensanglantèrent les points vitaux de Bab-el-Oued. Sept soldats et gendarmes y trouvèrent la mort. Cette fois, la riposte fut d'une violence extrême. Les blindés tirèrent sur les façades. Leurs mitrailleuses firent refluer les habitants terrorisés au fond de leur appartement. A 14 h 30, après une brève accalmie, Bab-el-Oued ressembla à Budapest. Les commandos Alpha avaient dû refluer et menaient le combat du haut des terrasses. Des chars tiraient sur tout ce qui bougeait. A 17 heures, Ailleret ordonna le bouclage complet de Bab-el-Oued et fit donner l'aviation. Il fallait aller vite. Réduire le camp retranché et éviter de nouvelles barricades.

Une première vague de T-6 fit un « straffing » sur Bab-el-Oued, tirant des rafales au-dessus des terrasses. Au passage plusieurs appareils ainsi que des hélicoptères lance-grenades essuyèrent le feu des mitrailleurs de l'O.A.S. C'en était fini des coups de semonce. La deuxième vague tira sur les servants des F.M. situés sur les terrasses. C'était la guerre. Stupéfaite, la population tenta de se mettre à l'abri. Personne n'avait pensé un seul instant que l'armée puisse intervenir. Cris, hurlements, scènes d'hystérie. Implacables, les colonnes blindées se mirent en marche, arrosant les façades pour se libérer de la tension, pour faire peur, pour obliger l'O.A.S. à se retirer.
Cette fois, ce fut la débandade. Alertés, les commandos Delta de Degueldre tentèrent de dégager ceux de Jacques Achard. Certains parvinrent jusqu'au P.C. du boulevard Guillemin et couvrirent la retraite. D'autres, bloqués par les barrages, firent le tour de Bab-el­Oued, cherchant la faille dans le dispositif d'Ailleret. Ils la trouvèrent en début de soirée à Saint-Eugène où un colonel sympathisant, chargé de boucler le secteur, retarda à l'extrême l'exécution de ses ordres. Lorsque, à 21 heures, il mit en place le dispositif qui devait l'être à 19 heures, Bab-el-Oued, dévasté, n'abritait plus un seul commando O.A.S. Ne restait qu'une population affolée pour laquelle un atroce calvaire allait commencer.

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Terrorisme du désespoir