L'OAS s'organise avec ses agents
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godard et salan
Au début du mois de mai, un premier briefing se tient dans un appartement d'une H.L.M. du quartier du Champ de Manoeuvres à Alger. Le général Gardy, ancien inspecteur général de la Légion étrangère, les capitaines Sergent et Ferrandi, les lieutenants Deguel­dre et Godot, Jean-Jacques Susini, le docteur Jean-Claude Pérez, deux journalistes, André Seguin et Georges Ras ainsi que Dominique Zattara, maire adjoint du 8e arrondissement, homme populaire et écouté dans la ville, en­tourent le colonel Godard qui a déjà tracé les bases de l'Organisation.
Godard (à gauche), héros des maquis du Vercors, spécialiste de la guerre subversive, adjoint de Massu pendant la bataille d'Alger a exercé les fonctions de directeur de la Sûreté.
J'ai essayé d'adapter le système fellouze à notre situation, explique-t-il. Je vois trois branches bien distinctes. L'une chargée de mobiliser et d'organiser la population : l'O.M. Une autre de collecter les renseigne­ments et de réaliser des opérations : l'O.R.O. Enfin, une troisième branche consacrée à l'action politique et psychologique l'A.P.P
L'organigramme de l'O.A.S. est donc fin prêt. Le général Salan (à gauche) en est le chef. Son adjoint : le général Jouhaud. Le général Gardy, nommé chef d'état-major, est assisté du colonel Godard. L'action psychologique et politique est confiée à Jean-Jacques Susini, les renseignements et opérations au docteur Jean-Claude Pérez. Le lieutenant Roger Degueldre prend la direction des commandos Deltas chargés des opérations ponctuelles, c'est-à-dire des exécutions. Le colonel Gardes s'occupe de l'organisation des masses et de la structuration. Les finances sont placées sous l'autorité de Georges Médeu puis, plus tard du colonel Gorel. Deux services chargés de noyauter la police et l'Armée sont organisés.
Parallèlement, dans chaque région, à Alger, Oran, Bone, Constantine, des réseaux sont installés, subdivisés en secteurs, eux-mêmes compartimentés en sous-secteurs, disposant à leur tour d'un état-major basé sur le principe des quatre branches.
Tout au long du mois de mai, l'Organisation recrute, installe ses hommes dans les villes. A Alger, surtout l'encadrement est avant tout militaire. Mais les commandos sont également constitués d'anciens du contre-terrorisme des années 1956, d'étudiants, de lycéens parfois, de déserteurs de régiments dissous. Des cadres, des commerçants, des employés, des ouvriers... toutes les couches sociales de la population seront représentées au sein de l'Organisation.
L'O.A.S. a des agents partout. Dans l'administration, les grandes entreprises, la Presse. Par des complicités au service des télex, Jean-Jacques Susini prend connaissance des articles rédigés par les envoyés spéciaux avant même qu'ils ne soient publiés dans leurs journaux. Des employés des Téléphones transmettent à l'O.A.S. les comptes rendus des conversations téléphoniques officielles. Les imprimeurs fabriquent des cartes d'identité, des permis, des cartes grises. Les graveurs font des tampons. Les serruriers façonnent des passes pour les voitures. Dans les gares, les aéroports, les ports, des guetteurs bénévoles notent toute arrivée suspecte. Des cafetiers servent de relais aux plastiqueurs. La chaîne de solidarité avec l'Organisation se démultiplie dans toute l'Algérie.
Le 28 juillet, le premier numéro de Appel de la France est publié à 10 000 exemplaires. Des camionnettes à double fond véhiculent le journal de l'O.A.S. au travers des barrages. Des ménagères le transportent aussi au fond de leurs paniers, des écoliers dans leurs cartables. Les Centurions, revue O.A.S. destinée aux officiers, sort également des presses. Tandis qu'un militant met la dernière main à un poste émetteur destiné à intervenir sur les fréquences de radio Alger.
La première émission pirate a lieu le 5 août 1961: « Ici Radio-France, la voix de l'Algérie française. Augmentez la puissance de votre récepteur. Ouvrez vos fenêtres. L'Organisation Armée secrète vous parle ».
Dans Alger, c'est du délire. Les transistors sont placés sur les balcons afin que tous entendent le message du général Gardy .
Ainsi, en ce milieu de l'été, à Alger, Oran, Bone et un peu moins Constantine, l'O.A.S. est désormais opérationnelle. Son seul problème : les finances. Le mouvement clandestin compte déjà près d'un millier de « permanents » déserteurs ou civils ayant quitté leur profession et avec charge de famille. Les fonds de l'Organisation leur sont donc avant tout réservés. Et l'argent fait défaut à la poursuite du combat. L'intensification des collectes est alors décidée. Des carnets à souches de couleur rose sont imprimés aux initiales de l'O.A.S. qui, en cette circonstance, vont signifier Office d'action sociale . La population participe pleinement à cet impôt solidarité auquel viendra s'ajouter plus tard le produit des hold-up commis un peu partout dans les villes d'Algérie. Banques, postes, trésoreries seront bientôt dévalisées sans opposition.
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