Les appelés face au putsch ...
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Libéré par le discours du général de Gaulle, le contingent se manifeste. Depuis le début du mouvement les officiers rebelles ont tenu les appelés pour quantité négligeable. Des bidasses qui obéissent aux ordres, qui ne réfléchissent pas et qui ne pensent qu'à la quille. Challe a fait procéder aux opérations normales de libération des appelés qui devaient quitter l'Algérie entre le 22 et le 25 avril. Au jour fixé, les unités du contingent ont regagné la métropole. Cette opération psychologique devait lui gagner sinon la sympathie du moins la neutralité des appelés. Mais le discours de De Gaulle a bouleversé ces prévisions optimistes.
Le général Bigot, patron de l'aviation en Algérie, voit ses bases de la Mitidja en état d'insurrection. Lui-même ne peut plus gagner son bureau à l'état-major ! A Blida on a même vu un drapeau rouge flotter sur la base. On en conclut immédiatement dans l'entourage de Challe que la résistance du contingent est l'oeuvre des militants communistes. L'un des officiers de la base de Blida, le commandant Kubasiak, paiera de sa vie, à l'heure de l'O.A.S., d'avoir dirigé le mouvement de fidélité à de Gaulle.
Sont-ils tous communistes les hommes du 14° bataillon de chasseurs qui arrêtent leurs officiers ? Et ceux du 21° R.I. qui à Oran ont projeté de kidnapper Gardy et Argoud ? Et ceux de la compagnie des transmissions du corps d'armée qui ont tenté de quitter le Château-Neuf pour gagner Mers el-Kébir, base du fidèle amiral Querville ?
Les exemples se multiplient dans la journée du lundi. Le préfet Belhaddad reçoit des dizaines de délégations d'appelés, et des télégrammes venant de toutes les unités. De plus en plus nombreux, des avions de transport quittent les bases algériennes au nez et à la barbe des putschistes impuissants.
Au sein même du 14e  R.C.P., l'un des régiments « en pointe » de la révolte des généraux, le colonel Lecomte n'est plus « sûr » de ses hommes. Il recevra même une grenade sur son P.C. ! La machine grippe. Le contingent verse le sable à poignées.

appeles face au putsch des generaux
challe et zeller au balcon en algerie

Telles sont les nouvelles peu réjouissantes dont Challe prend connaissance lorsque, du G.G., les colonels le prient, ainsi que Zeller, de rejoindre Salan et Jouhaud pour adresser quelques mots à la population massée sur le Forum.
Challe n'est pas chaud pour aller faire le guignol. Il conçoit très bien de se présenter devant un micro pour convaincre une foule mais si elle est déjà convaincue l'opération n'aboutit qu'à se faire acclamer. Il cède pourtant à l'insistance des colonels. Mais ce n'est pas un homme épanoui qui se montre au balcon historique du G.G.
La foule, elle, n'y voit que du feu ! Elle est là, confiante, au coude à coude, prête à suivre ses généraux qui vont sauver l'Algérie française. Elle croit revivre le 13 Mai. On lui jette en pâture quelques bonnes paroles  définitives.
La foule en délire, ils sont près de 100 000 à avoir envahi le Forum, les grands escaliers et les jardins, répond à l'appel de Jouhaud, l'enfant du pays. Challe ne s'est pas trompé. Ses « collègues » sont venus pour se faire acclamer ! Il est furieux et ne s'attarde pas au balcon. Jouhaud et Salan restent au G.G. avec leurs civils. Challe tourne les talons, suivi de Zeller. Il retourne au quartier Rignot voir ce qui peut encore être sauvé.

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La fin du putsch