Une embuscade dans le Djebel
rideau

Le lieutenant fit arrêter sa jeep à la sortie du village d'Il-Maten. La route étroite s'engageait dans le massif étroit bordant la vallée de la Soummam. Pour rejoindre N'Zoubia où se trouvait le P.C. il fallait emprunter sur quatre kilomètres cette maudite route de montagne accidentée, bordée d'à-pics, de rochers, de buissons, d'oliviers sauvages.
Ça grouillait de fells auxquels Amirouche imposait une discipline de fer. Il était 16 h 15 ce 21 janvier 1959 et le lieutenant, chef de section, avait hâte de faire rentrer ses trente gus au poste de N'Zoubia avant la nuit. A 18 heures elle tomberait et il serait temps de se barricader. La nuit, dans la Soummam, appartenait aux rebelles. Derrière la jeep du lieutenant s'étaient arrêtés un half-track, un 4 x 4 Renault et un G.M.C. quatre sous-off et vingt-cinq hommes de troupe bien armés. Ils ne risquaient rien mais le lieutenant préférait alerter son capitaine à N'Zoubia. De son poste d'observation il les suivrait à la jumelle. En cas de pépin dans ce coupe-gorge qu'était la route d'Il-Maten il pourrait les secourir en moins d'un quart d'heure. La radio de la jeep grésilla. Le lieutenant lança son message.

A 16 h 30 alors que la jeep de tête a passé un virage en épingle à cheveux et que le half-track le négocie avec prudence, la fusillade éclate. Furieuse. Nourrie. Une mitrailleuse et un F.M. rebelles concentrent leur tir sur le half-track. Le chauffeur est tué. Le lourd véhicule percute la paroi rocheuse. Le feu redouble. Tous les hommes du half-track sont mis hors de combat. Les autres sautent du 4 x 4 et du G.M.C. mais sont cloués au sol par le feu croisé de deux F.M. accrochés à la crête voisine. Les djounoud se lancent à l'assaut du half-track qui est entièrement détruit. De N'Zoubia, le capitaine suit le combat à la jumelle. Il repère l'un des F.M. et ordonne un tir au mortier sur le coude de la route. En même temps il dirige une section sur les lieux de l'embuscade pendant que les chasseurs d'Il-Maten qui ont entendu les échos du combat en font autant et alertent une patrouille de T-6 qui sur­ole la zone.
A 16 h 45 les renforts sont sur les lieux. Immédiatement les rebelles décrochent, laissant deux morts sur le terrain : les serveurs du F.M. tués par les obus de mortier. Le combat n'a pas duré un quart d'heure ! La poursuite doit être rapidement abandonnée sans avoir donné de résultat. Pas assez de moyens, de mauvaises liaisons avec l'aviation et surtout la nuit qui tombe ! Sur la route, dans le virage en épingle à cheveux, il y a quatorze morts ! Les rebelles ont emporté un F.M., trois P.M., un P.A. et quatre fusils. Le half-track est hors d'usage. En plein jour, à dix minutes de deux postes importants, une des katibas d'Amirouche s'est payé le luxe d'attaquer un convoi.

embuscade en algerie
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