Et l'on verra dans les premiers mois de la guerre d'Algérie, alors même que Cherrière aura quitté son poste, ces gigantesques opérations ratisser un massif impénétrable. On leur donnera même, dans l'argot de la guerre d'Algérie, un nom. On les appellera les circuits touristiques. Ils démontreront à quel point les premiers chefs militaires de cette
guerre pas comme les autres se sont trompés. Le processus sera toujours le même.
On organisera en grand secret à l'état-major d'Alger une opération mirifique du type peigne fin.
On enverra des télégrammes chiffrés à tous les responsables locaux qui, avec leurs unités, participeront à l'opération: En général on commencera à Biskra, à la porte du désert pour remonter vers le nord.
Le malheur, c'est que l'on méprisera toujours les insurgés et leur organisation.
Alors les troupes arriveront. Cela fera du bruit. Les officiers s'installeront au Transat de Biskra, le seul hôtel confortable où le whisky soit glacé. Le
confort avant tout. Et on discutera au bar, entre militaires de bonne compagnie, sans précautions avec des airs de matamore.
Au dessert le pauvre boy, au visage basané et à la veste blanche, qui a passé les whiskies, les plats, le café et le dessert connaîtra aussi bien l'opération que le commandant en chef. Lorsque après le coup de l'étrier pris au bar, les officiers bien douchés iront se coucher de bonne heure, le garçon de restaurant ou le barman si stylé du Transat renseignera le responsable de l'organisation à Biskra. Dans la nuit, les bandes de l'A.L.N. seront au courant.