L'enfance de Camus ...
rideau
Camus à Belcourt dans Alger
En septembre de l'année suivante, Lucien Camus est tué à la première bataille de la Marne. A la veuve, l'hôpital envoie un petit éclat d'obus retrouvé dans les chairs et l'État octroie une maigre pension. Mme Camus décide alors de quitter Mondovi pour Alger, où elle a de la famille. Elle prend un étroit logement dans le quartier de Belcourt et, pour nourrir les siens, se met à faire des ménages.
C'est dans ce quartier populaire que Camus grandira. Quartier bruyant, coloré, où vit une population dont l'origine espagnole ou maltaise ne remonte souvent qu'à une ou deux générations, où l'on parle le pataouète, ce langage fleuri d'expressions pittoresques, où l'on observe des lois et des coutumes strictes.
A Belcourt comme à Bab-el-Oued, écrira plus tard Camus, on a sa morale, et bien particulière. On ne manque pas à sa mère. On fait respecter sa femme dans les rues. On a des égards pour une femme enceinte. On ne tombe pas à deux sur un adversaire parce que ça fait vilain. Pour qui n'observe pas ces commandements élémentaires, il n'est pas un homme, et l'affaire est réglée, souvent pour de longues années.

enfance de Camus
la mere d'Albert Camus
Albert Camus à l'ecole
En 1918, Albert Camus entre à l'école communale de Belcourt. C'est alors un beau petit garçon aux cheveux sombres, coupés à la Jeanne d'Arc, qui porte sandales et costume marin. Ses dons, son intelligence frappent son instituteur, Louis Germain. En 1923, année du certificat, Germain décide de pré­senter Albert Camus à l'examen des bourses afin qu'il puisse poursuivre ses études.
Pour un enfant de Belcourt, entrer au lycée est un événement extraordinaire. Et il est probable que Louis Germain ait eu quelque peine à arracher à Mme Camus son autorisation. Morvan ­Lebesque, dans son livre Camus par lui-même, rapporte que le petit Albert devait étudier en cachette avec la complicité peureuse de sa famille « parce qu'un terrible grand-oncle, chef de clan, menaçait d'un bon coup de fusil quiconque mettrait du latin dans la tête de son petit-neveu ». En 1923, les intellectuels sont plutôt mal vus du côté de Belcourt.
Sa mère :
Catherine Hélène a déserté Saint-Paul et s'est repliée à Alger. Avec ses garçons, elle réintègre le domicile maternel de la rue de Lyon, imperceptible frontière entre le quartier arabe, au nord, et les avenues huppées, au sud. Dans un trois-pièces pitoyable où s'entassent également ses frères Etienne et Joseph, elle se conforme, en disgraciée coupable, aux oukases du cerbère de la maison, l'impérieuse madame Sintès. Pour Catherine Sintès-Camus. La misère emboîte, en effet, le pas au veuvage et se double... d'infirmités! Frappée de surdité, empêchée par des troubles qui affectent son élocution, elle entoure, néanmoins, ses enfants d'une indéfectible sollicitude et, murée dans ses silences, elle conforte sa pension de veuve par des ménages fort mal rémunérés.
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Albert Camus