De gaulle s'impose en 1944 ...
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De Gaulle en 1944

Dans la matinée du 28 août 1944, deux jours à peine après la descente triomphale des Champs Elysée et les acclamations qui ont eu pour lui, valeur d'adhésion nationale, de Gaulle "bat le fer", ce sont les mots qu'il emploie dans les "Mémoires de guerre", "puisque il est chaud".
Au ministère de la Guerre, il a convoqué les vingt principaux chefs des partisans parisiens. Partisans et non résistants. Pour qui sait l'attention que de Gaulle porte au bon usage de mots qui doivent traduire exactement sa vision de la situation comme le regard qu'il porte sur les hommes, le mot "partisan" écrit dans les "Mémoires de guerre", n'est nullement un hasard ou une faiblesse de plume. C'est un mot volontairement réducteur. A ces chefs des "partisans parisiens" il adresse des louanges tempérées avant de les informer de sa décision de verser sans plus tarder les forces de l'intérieur dans tes rangs de l'armée régulière, ce qui, plus ou moins rapidement, mais certainement, entraînera, avec la dissolution des états majors F.F.I., la perte de prestige et d'autorité de colonels sortis la veille de la clandestinité, pour rentrer, soit dans l'anonymat de l'armée (en perdant trois ou quatre grades) soit dans les difficultés de la vie civile et les aléas de la politique.
Les "chefs des partisans" ayant quitté la place, les huissiers introduisent les secrétaires généraux qui, à l'instant des combats, ont à Paris, occupé les ministères et, dans la mesure du possible, maintenu en état la machine administrative.
A ces hommes de bonne volonté de Gaulle annonce sèchement, trop sèchement, blessant les plus sensibles, irritant les plus susceptibles, qu'ils devront disparaître dès que les ministres, toujours à Alger et qu'il presse de rejoindre Paris, seront arrivés.

Bidault

Vient enfin le tour du bureau du Conseil national de la Résistance. Il faut relire les "Mémoires de guerre" : "Tout en reconnaissant hautement, écrit de Gaulle, la part que mes interlocuteurs ont prise à la lutte, je ne leur laisse aucun doute sur mes intentions à leur égard. Dès lors que Paris est arraché à l'ennemi le Conseil national de la Résistance entre dans l'histoire glorieuse de la libération mais n'a plus de raison d'être en tant qu'organe d'action".
Ainsi, le 28 août 1944, de Gaulle a-t-il en quelques heures signifié aux chefs "partisans", comme aux responsables du CNR (dont Bidault à gauche), qu'il incarnait, et incarnait seul, la légitimité du pouvoir jusqu'au jour où la parole serait, par les élections, rendue au peuple.

Ravanel à Toulouse

A Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux, de Gaulle, comme il l'a fait le 28 août à Paris, a battu le fer. D'une ville à l'autre ses propos ne changent pas. Ils tiennent en trois points: la guerre continue; la France est à reconstruire; rien ne peut se faire que dans l'ordre. Il existe une hiérarchie de l'enthousiasme. Quel est le mot qui, selon tous les journaux du temps, attire les acclamations des foules: le mot "ordre".
De Gaulle se retourne alors vers les chefs partisans de la région rassemblés dans un salon de la Préfecture. Ils attendaient un grand frère. Ils ont, en face d'eux un grand chef qui demande à tous ces colonels - dont quelques-uns avaient par leur courage, gagné leurs galons - quel était leur grade en 1939, leur explique qu'il leur faut choisir entre l'armée (avec rétrogradation) et le retour à la vie civile, mais surtout que c'en est fini du désordre.
Et comme, à Toulouse, il dit à Ravanel, polytechnicien, communisant, résistant efficace et, pour de Gaulle, chef des fractions armées, qu'il le place aux ordres du général Collet, qui avait maté La révolte des Druzes; sa décision inspire à Ravanel cette réflexion : "aux yeux de De Gaulle, nous (les résistants) ne sommes que des indigènes avec qui l'on pourra employer un langage sommaire et la manière forte".

De Gaulle à la Liberation de Paris

Songeant aux heures qui ont suivi la libération de Paris et à la méfiance manifestée par de Gaulle à l'égard des résistants de l'intérieur, l'ancien président du CNR écrira: "j'avais l'impression que nous étions comme des enfants perdus à l'avant-garde d'une armée en marche.
Peut-être se souvenait-il du geste que de Gaulle avait eu, le 26 août, à l'instant où le cortège entamait la descente des Champs Elysées.
Comme Bidault s'était porté - ou avait été porté par un mouvement de foule - à la hauteur du Général, celui-ci, de la main, avait légèrement fait reculer le président du Conseil national de la Résistance et laissé tomber ces mots: un peu en arrière, Monsieur !

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De Gaulle avant 1947