Finalement, il n'est vraiment heureux qu'à la campagne. Même Saint-Germain est à ses yeux trop urbain, alors que le château de Versailles est parfait, parce qu'on se demande si la voie n'est pas libre, à l'ouest, jusqu'à l'océan Atlantique. En concevant un palais, bientôt immense, et une ville — champignon — car Versailles n'était qu'un village en 1660 —, Louis a le dessein d'avoir autour de lui une Cour, et en particulier de pouvoir surveiller les Grands. Or, à Paris, cela n'est pas possible. Quelques gentilshommes, certes, sont logés au Louvre, mais la plupart profitent de la capitale pour rentrer chez eux, pour avoir une vie privée beaucoup plus indépendante qu'ils ne l'auront plus tard quand ils seront à Versailles.
A Saint-Germain, c'est un peu la même chose. Certes, il s'y trouve trois châteaux, mais l'un est en ruines, un autre peu commode. Saint-Germain n'est pas fait pour loger des courtisans par centaines. Au contraire, à la fin du règne, Versailles et ses dépendances accueilleront quelque dix mille personnes, dont cinq mille courtisans.

Ce qui provoque la décision définitive de Louis XIV de quitter son habitation première, c'est la mort de la Reine mère en janvier 1666 ; une mère qu'il adorait et qu'il a vu souffrir, au Louvre, d'un cancer extrêmement douloureux. A peine sa mère morte, il a pris la direction de Saint-Germain. Pour lui, le Louvre, c'était fini. Quand il est revenu vivre à Paris pour y passer l'hiver —, ce n'était plus au Louvre, mais aux Tuileries, et ceci jusqu'en 1671.
Par ailleurs, si Louis xiv prend le Louvre en grippe, c'est aussi parce qu'il veut habiter dans un palais bien à lui, conçu et dirigé par lui, construit selon ses intentions et selon ses plans mêmes. Le Louvre a peut-être un caractère vénérable, mais il est fait de pièces et de morceaux. Certes, il a été récemment embelli, avec la cour carrée, avec les travaux de Le Vau, mais il ne sera jamais l'oeuvre personnelle du Roi.
En outre, Louis xiv est un homme de plein air, qui dort la fenêtre ouverte (Mme de Maintenon grelottera, et on ne lui demandera pas son avis). Il ne tient pas en place ; il a besoin de marcher, de monter à cheval, de chasser...