L'hôtel particulier du docteur Petiot
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Procès Petiot

Tout commença par l'achat, au nom de son fils, d'un hôtel particulier rue Le Sueur. L'hôtel subit tout de suite d'étranges transformations parce que le docteur aimait le silence. Il se dissimula en surélevant le mur mitoyen de la cour, puis installa au rez-de-chaussée un rudimentaire cabinet de consultation d'où partait un couloir sombre menant à un réduit capitonné, insonorisé, fermé par des doubles portes, dans la cloison duquel une ouverture permettait de surveiller. Dans le garage une fosse avait été creusée, entourée de sacs de chaux. Le traquenard existait, il restait à trouver les victimes. Vraisemblablement ses premières proies furent deux toxicomanes auxquels Petiot vendait des ordonnances et qui menaçaient de le faire condamner. Ils disparurent, en laissant cependant des lettres d'explications concernant leur disparition. Du reste, toutes ses victimes laisseront des lettres.

le bon docteur Eugène (il se faisait désormais appeler ainsi) organisa un carnage méthodique et presque dégustatif. Denise Hotin, fermière de l'Oise venue le consulter s'évapora. Commença alors à fonctionner dans le Paris de l'ombre la plus funèbre agence de voyages de tous les temps. Des malheureux traqués par la police française et la Gestapo cherchaient à s'enfuir. Le docteur Eugène, le coeur sur la main, se proposait d'expédier en Argentine les pourchassés que des rabatteurs lui envoyaient. L'horrible rituel du dernier voyage se répétait chaque fois: les uns après les autres les voyageurs avaient suivi le même chemin... ils entraient rue Le Sueur avec bagages et fortune; toujours agité le docteur Eugène les recevait courtoisement; il maquillait alors comme un embaumeur les malheureux qui s'imaginaient passer ainsi
inaperçus; il leur faisait, sous prétexte d'un sérum, une piqûre lentement mortelle ; il les enfermait dans le local capitonné, boîte aux lettres infernale, où, par le viseur il jouissait du spectacle de leur agonie, puis il se livrait à son passe-temps favori, la dissection. Les corps morcelés allaient au gré de la marche de sa remorque tantôt dans la Seine, tantôt dans Paris, tantôt dans la fosse du garage.

valises du docteur petiot
Il y eut en tout 27 victimes dont on retrouva les valises, les effets, et même, pour un enfant, un pyjama. Il y eut des juifs traqués, des truands proches de la Gestapo, des juifs allemands pourchassés. Pendant son procès Petiot prétendit que toutes ses victimes étaient des agents de la police allemande; il revendiqua même avec forfanterie 63 assassinats. Sur ce point un événement aurait pu lui donner, en apparence, raison. La filière du docteur Eugène était venue aux oreilles de la Gestapo. Elle l'arrêta le 24 mai 1943 ; il fut sérieusement torturé, comme un vrai résistant: on lui lima les dents, lui compressa le crâne, l'asphyxia dans la baignoire. La souffrance le laissa indifférent. Ce qui demeure une énigme, c'est qu'il fut libéré au bout de huit mois... laissant à la prison le souvenir d'un héros. Pendant son incarcération sa hantise était que l'on découvrit la morgue de la rue Le Sueur. Il y avait urgence à se débarrasser des cadavres laissés en poste restante; Petiot eut alors recours au procédé breveté par son illustre et modeste prédécesseur, Désiré Landru : la chaudière ! Dans son empressement Petiot bourra le calorifère des restes humains et vaqua à ses occupations en vélocipède: il riait, l'air frais avait un goût de cendres.
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Marcel Petiot