Joseph Vacher joue les déments
rideau
le procès de Vacher

C'est au milieu d'une violente campagne de presse que s'ouvre, à Bourg-en-Bresse, le 26 octobre 1898, le procès de celui que les journaux appellent « le Jack l'Éventreur du Sud-Est ». L'affluence est considérable, bien que d'autres assises volent à Vacher la vedette du jour : à Paris,. commence la révision de l'affaire Dreyfus.
Le président de la Cour est Adhémar de Coston. Face à une assistance houleuse, il demande aux dames honnêtes de quitter la salle, en raison des détails scabreux qui ne manqueront pas d'être évoqués. Il n'y a sans doute pas de dames honnêtes sur ces bancs, car personne ne bouge. Et ce sont les débats.
Trois experts ont examiné l'accusé, les docteurs Lacassagne, Pierret et Rebatel. Le premier lui consacrera par la suite un ouvrage remarquable, « Vacher et les crimes sadiques ». Tous trois sont arrivés à une conclusion identique, que corroboreront trois mois plus tard les résultats de l'autopsie : le cerveau de Joseph Vacher ne présente aucune lésion, il pèse mille cinq cents grammes. L'homme est vraisemblablement d'une intelligence supérieure à la moyenne et, en tout cas, sa responsabilité ne saurait être mise en doute.

La tâche du défenseur, maître Charbonnier, n'en sera pas facilitée, d'autant que Vacher charge son personnage, malgré les fréquents et sévères rappels à l'ordre du président. Il lance en l'air sa toque de fourrure blanche, exige qu'on baisse les stores de la salle à cause du soleil qui le poursuit, exalte encore « la victime qui est en lui » : victime de « l'empirique » qui l'a mal soigné de sa rage enfantine ; victime du médecin de Baume-les-Dames qui n'a pu ôter la balle logée dans sa tête; victime des aliénistes de l'asile de Saint-Robert. Haranguant l'assistance, partagée entre le rire et l'effroi, il se présente comme l'envoyé du ciel, « l'ennemi des vrais malfaiteurs », et tant que le souvenir des bombes d'Émile Henry et de Ravachol est encore vivace, il n'hésite pas à se proclamer « l'anarchiste de Dieu »l
Mais il semble que ni les jurés, ni les assistants ne soient dupes de cette comédie, dont Albert Bataille, chroniqueur judiciaire du « Figaro », connu pour ses indulgences, rend compte avec indignation : pour lui, pas de doute, Vacher a agi en pleine lucidité.
Les débats durent trois jours. Le 29 octobre, Joseph Vacher est condamné à mort.

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