Il lui demande de l'épouser
rideau
Louise Barant

Il a connu une jeune fille à Besançon pour laquelle il éprouve un sentiment nouveau qui va peut-être contribuer à l'équilibrer. Dès qu'il est libre, il court à Baume-les-Dames où elle réside, et très bourgeoisement, il lui demande de l'épouser. Mais sans doute la jeune fille s'est-elle rendu compte qu'elle avait affaire à un malade ? Elle refuse, sans beaucoup de ménagements. Aussitôt, c'est la colère rouge, le sang à la tête, le déchaînement des instincts meurtriers...
Le 25 juin 1893, Vacher loge dans la tête de la jeune fille une balle de calibre réglementaire, puis retourne son fusil contre lui-même. Il se rate. Pas complètement : le projectile lui a entamé le nerf facial. Il est resté logé dans le rocher, près de l'oreille, d'où l'on n'arrivera jamais à l'extraire. Vacher en demeure à peu près borgne, affligé de tics dont il dira plus tard, à son procès, qu'ils lui attirent moqueries et rebuffades et contribuent à l'isoler de ses semblables. D'où la rumination quotidienne d'une haine à l'échelle de ses frustrations et de ses blessures.
En attendant, on l'interne à l'asile d'aliénés de Dole, où l'armée le réforme définitivement.
Il ne tarde pas à s'en évader. Repris, il est transféré à l'asile de Saint-Robert, réservé aux aliénés réputés dangereux. Il n'y restera que quelques mois.
La science psychiatrique de l'époque, encore balbutiante, n'en est que plus péremptoire. Elle a les certitudes et les outrances de l'ignorance. Le 1 er avril 1894, Joseph Vacher, jugé « complètement guéri », est libéré. Cinquante jours après, le 20 mai, retourné dans son pays, il égorge une jeune bergère à Beaurepaire, en Isère. Elle ne sera que la première d'une longue série.

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Joseph Vacher