La fuite de l'armée française ...
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Waterloo
Blücher ordonna une reprise d'attaque générale contre tout notre flanc droit. Dans Plancenoit même, la jeune garde et les deux bataillons de vieille garde restèrent inexpugnables. Mais sur le prolongement de ce village, l'infanterie de Lobau et la cavalerie plièrent devant les 15 000 prussiens; elles furent culbutées quand la division Steinmetz et la cavalerie de Rôderles abordèrent sur leur flanc. Les masses françaises, espacées, un quart d'heure auparavant, refluèrent en même temps sur le plateau autour de la Belle-Alliance. A leur suite, sabrant, fusillant, poussant des hurrahs  accouraient d'un côté les Anglais, de l'autre les Prussiens. Les deux mâchoires de l'étau se refermaient sur la foule éperdue et sans défense qui avait été l'armée impériale.
Dans cette effroyable cohue, chacun pousse et bouscule pour fuir plus vite. Des cuirassiers démontés jettent leurs cuirasses, des conducteurs coupent les traits des attelages, des hommes sont piétinés. On trébuche parmi les chevaux morts, les caissons renversés, les canons abandonnés. Les ombres de la nuit qui commencent à s'épaissir ajoutent à l'épouvante et accroissent la confusion.
Les quatre bataillons de la garde, qui viennent de regagner le plateau, sont les seules troupes d'infanterie encore en ordre. Anglais et Prussiens enserrent chacun de ces carrés dans un cercle de mitraille, de sabres et de baïonnettes. Chargés simultanément par la cavalerie et par l'infanterie, ils sont rompus, démolis, écrasés. Leurs débris roulent dans la débâcle.
A cinq cents mètres en arrièreattendent formés en carrés, à la gauche et à la droite de la route, les deux bataillons commandés par le général Petit. Ces hommes sont l'élite de l'élite. Presque tous portent au moins deux chevrons, quatre sur dix sont légionnaires. L'empereur est à cheval dans le carré du 1er bataillon. Avec ces redoutes vivantes, il espère encore couvrir la retraite. Il ordonne d'établir, sur le prolongement des carrés, la batterie de 12 qui a longtemps canonné les Prussiens par-dessus Plancenoit, et il fait battre la grenadière pour rallier tous les détachements de la garde.
Une foule de fuyards s'écoulent sur la route, des deux côtés des carrés, suivis de tout près par l'ennemi. La batterie de la garde n'a plus qu'un coup par pièce. Sa dernière décharge, à quart de portée, foudroie une colonne de cavalerie. Les artilleurs, désormais sans munitions, restent stoïquement à leurs pièces pour imposer encore aux assaillants. Les hussards anglais fondent sur la batterie et sabrent les canonniers désarmés. Mais sur les carrés mêmes, ces charges incessantes se brisent et s'éparpillent comme sur des blocs de granit les tourbillons de sable. Devant chaque bataillon de grenadiers, s'élève un sanglant remblai de cadavres et de chevaux abattus.
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La bataille de Waterloo