Le copain descendu
rideau
avion descendu pendant la première guerre mondiale

Lorsqu'ils retournaient en escadrille, l'escale à Cythère terminée, ils trouvaient des places vides. Sur le plateau de Béhonne, pendant la bataille de Verdun, Nungesser apprend, à son arrivée, les blessures de Kirsch, de Brion, de Cour-celles, les morts de Gonnet-Thomas et de Boillot. Un obus allemand a emporté un coin de la toiture de la popote, couvert de gravats l'escalier et arraché les fils électriques. Il faut s'éclairer à l'aide de bougies et de lampes tempête empruntées au terrain. On se regarde. On se compte.
Les survivants ont l'air d'avoir été oubliés. Puis, soudain, une plaisanterie fuse. On blague. On dit n'importe quoi. Une phrase concrétise ce refus délibéré de prendre la mort au sérieux. Du copain descendu, on se borne à dire : « Eh bien ! quoi, encore un qui ne sortira pas dimanche ! » C'est parti. On chahute. On avale à la hâte le repas du soir. On monte dans les chambres avec son lumignon à la main, se cognant aux marches, criant des « chut » sonores, on souffle la flamme du voisin et, dans l'obscurité totale, un fou rire éclate, stupide, incontrôlé, interminable. Les soldats sont redevenus des collégiens.
Pourtant, l'instinct de la chasse continue à les habiter. Le général de Chambe rapporte : «Au moment de monter l'escalier qui conduit vers nos lits, je retiens Pelletier d'Oisy par le bras : « Un instant, Pivolo ! »
Étonné, il s'arrête : Mon lieutenant ?
- J'ai une idée excellente. On remet ça ensemble demain matin au point du jour, c'est-à-dire tout à l'heure...
- Quoi ?
- Oui, on repart tous les deux à la chasse aux Boches... Réveil à 4 h 30. Départ à 5 h. Terrain à 5 h 15. Décollage à 5 h 30. Je commande la voiture de service. C'est d'accord ?

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