Nous rions comme des enfants
rideau
bataille de chars en 1917

Nous ne sommes plus, dans nos blindages, que des êtres noirs d'huile et de poudre qui ne respireront que quand ce ruban d'hommes, devant nous, s'aplatira pour ne plus repartir. Par la porte, que j'ai poussée pour• donner un peu d'air à notre équipage, j'aperçois un, autre ruban :
c'est notre infanterie une troupe fraiche
qui vient occuper, 'derrière les chars, des tranchées jusque-là si faibles, si peu gardées.
Les fantassins' viennent en tirailleurs, profilés sur le ciel en ombres chinoises. Et des fumées tombent sur eux, et la ligne avance, toujours plus réduite.
Des ombres chinoises : je m'aperçois, en faisant cette comparaison, que le jour décline. Il ne s'agit que de tenir quelque temps encore, jusqu'à la nuit qui, seule, pourra nous sauver, fixer notre conquête, organiser nos lignes.
En même temps, des hourras retentissent :
— Ça y est ! Ça y est !... Ils foutent le camp !
Et la contre-attaque s'évanouit, absorbée dans le sol, sous nos nappes de balles., Nous rions comme des enfants en nous regardant, étonnés d'être là et de nous reconnaître.

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Les premiers Chars