Je n’imaginais point l’obus tombant en plein sur notre coin de tranchée...le choc, le coup de fouet du métal brûlant qui déchire la chair, le cri de la bête égorgée et la brusque
syncope de la lente agonie… Alors que la mort me frôlait, à chaque minute, je sentais en moi la volonté,
la certitude de survivre.
Nous avons passé trois jour couchés dans les trous d’obus à voir la mort de près, à l’attendre à
chaque instant. Et cela, sans la moindre goutte d’eau à boire
et dans une horrible puanteur de cadavres. Un obus recouvre
les cadavres de terre, un autre les exhume à nouveau. Quand
on veut se creuser un abri, on tombe tout de suite sur des morts.
Je faisais partie d’un groupe de camarades, et pourtant chacun
ne priait que pour soi.
Lettre d’un soldat allemand le 16 août 1916.