En arrivant en ligne, la nuit, devant le village de Douaumont ...nous ne trouvons que des tranchées à peine ébauchées. Quant à ceux que nous devons
relever, nous nous apercevons avec surprise
qu’ils continuent à rester couchés, sans paraître se soucier de nous. Nous les regardons
de près : ils sont morts !
Nous nous hâtons d’approfondir les tranchées
afin d’être mieux préservés quand le jour viendra, et pour aller plus vite, nous plaçons devant
nous, en parapet, les cadavres des camarades.
Nous prenons position en avant de la ferme de Thiaumon
...Quand le jour se lève, au matin du 25 avril, je ne puis me défendre d’une sensation d’horreur et d’épouvante quand
je vois qu’à l’endroit que j’occupais, le parapet était en partie formé de cadavres et que toute la nuit, je me suis appuyé
sur des godillots qui émergeaient, en laissant couler une boue infecte, mélange de sang, de pourriture et de terre.