C’est la course à la mort...Cela éclate partout, devant, derrière. Des camarades
tombent. Plus vite ! Nous franchissons des morts et
des blessés. La forêt n’a plus un arbre intact ; des
tronçons, çà et là, restent debout ; le sol est un
chaos de pierres où gisent grenades, munitions,
armes, capotes, corps inanimés, corps pantelants.
Encore des blessés parmi nos compagnons. Nous
courons comme des fous. Un éclat traverse mon
sac. On se rapproche du tunnel de Tavannes.
Soudain un obus éclate « dans nous », nous enle
vant dans son souffle ; la grande flamme rouge
balaie nos visages ; on n’a rien ! C’est un miracle.
Etre dans la flamme, et n’avoir rien… On court,
on tombe, on se traîne ; voici le tunnel, on
entre… Mon Dieu !... Je tombe à terre et sanglote nerveusement.
Lettre d’un poilu du 408 R.I. à Verdun..