Kennedy nous a laissés tomber
vopos sur le mur de berlin
le mur de berlin

La nuit tombe sur Berlin sans que rien n'ait été entrepris, ni même envisagé. En apparence, l'Occident accepte le coup de force. Des milliers de Berlinois au désespoir se rassemblent, à la limite des secteurs, devant ce rempart qui, pour n'être encore composé que de barbelés et de chevaux de frise, ressemble déjà à un mur.
La nuit s'avance et ces gens ne se résignent pas à bouger. Devant la porte de Brandebourg, de jeunes Berlinois scandent : « Berlin toujours libre, toujours libre, toujours libre ! » Ou bien ils reprennent un autre slogan, sans cesse répété : « Budapest ! Budapest ! Budapest ! »
A la même heure, Willy Brandt, recru de fatigue, gémit :
— Kennedy nous a laissés choir.

Willy Brandt, bourgmestre socialiste de Berlin-Ouest, roule en wagon-lit à travers l'Allemagne fédérale où se poursuit le marathon de sa campagne électorale. A 5 h 17, l'express Munich-Kiel s'arrête en gare de Hanovre. On vient prévenir Brandt que Berlin-Ouest est désormais coupé de l'Est ; il faut rentrer. On détache les deux voitures spéciales du train, on les range sur une voie de garage. Brandt et, son escorte sautent dans des taxis qui roulent à toute allure vers l'aéroport. Ils s'envolent pour Berlin. A peine arrivé, le bourgmestre se rue à Dahlem, à la Kommandantur où les trois généraux délibèrent toujours. Très agité, il leur demande ce qu'ils comptent faire. Au nom de ses collègues, Albert Watson II répond :
— Nos capitales respectives ont été informées. Nos gouvernements prendront la décision qui s'impose.
Voilà qui ne peut satisfaire Brandt. Avec véhémence, il propose que les Alliés envoient des patrouilles le long de la frontière du secteur soviétique. Au moins, cela réconfortera les Berlinois ! Froidement, on lui rétorque que c'est impossible. Les commandants occidentaux ont seulement prévu de déposer une protestation auprès du commandant soviétique, le colonel Solovyov.
Brandt a beau plaider, il n'obtient rien de plus. En prenant congé, il s'écrie que si telle est la position des commandants occidentaux, « alors l'Est tout entier, de Pankow' à Vladivostok, va se tordre de rire » !

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