La déchéance physique d’Hitler
derniere apparition de hitler
decheance de hitler
hitler 1945

Ses yeux étaient ecchymosés ; bien que tous les documents lui fussent présentés avec des caractères trois fois plus grands que ceux des machines à écrire ordinaires, il ne pouvait les déchiffrer qu'à l'aide de fortes lunettes. La salive s'échappait des commissures de ses lèvres: c'était un spectacle d'horreur et de détresse. Au point de vue mental, Hitler avait encore tous ses moyens, ce qui contrastait avec sa déchéance physique. Il se fatiguait plus facilement, mais gardait en beaucoup de circonstances sa mémoire étonnante ... II savait reconnaître l'essentiel dans la variété des informations et opinions qu'on lui présentait... Il flairait des dangers qui s'esquissaient à peine et prenait des mesures pour y parer.
En réalité, la « mémoire étonnante » d'Hitler avait beaucoup baissé, ce que l'officier ignorait, parce que n'étant pas un familier d'Hitler il ne pouvait se faire une idée de ses anciennes performances. Giesing avait remarqué déjà en février qu'Hitler répétait des questions auxquelles le médecin venait de répondre. A partir de février 1945, Hitler n'est plus qu'une loque. En dépit de son entêtement sénile, il tolère maintenant qu'on lui présente des objections, qu'on le contredise, ce qui autrefois eût été inconcevable.

Physiquement, il ressemble si peu à l'Hitler de 1939 que des visiteurs, qui l'ont vu entre 1937 et 1939, s'effraient et ont de la peine à le reconnaître. Même le docteur Giesing, qui l'a traité jusqu'au début octobre 1944, est abasourdi : « Quand j’ai vu à la mi-février la figure d'Hitler, j’ai été surpris par le changement. Il me semblait vieilli et plus voûté que jamais. Son teint était d'une extrême pâleur, il avait des poches sous les yeux. Sa voix était claire mais très faible. Je remarquai aussitôt le tremblement intense de son bras et de sa main gauches, qui s'accentuait dès que la main manquait d'un support; c'est pourquoi Hitler s'efforçait toujours de s'appuyer sur une table ou une banquette ... J'avais l'impression qu'il avait des absences et n'arrivait plus à se concentrer. Il semblait totalement épuisé et lointain. Ses mains étaient également très pâles, ses ongles exsangues. »
A partir de là, la déchéance physique d'Hitler fait de rapides progrès. Un ancien officier d'état-major qui, après plusieurs années d'intervalle, l'aborde le 25 mars dans le « bunker » de la Chancellerie du Reich, est effrayé de ce qu'il voit: Avant de me rendre pour la première fois à la Chancellerie du Reich, raconte-t-il après 1945, je fus averti par un des officiers d'état-major que je devais m'attendre à voir un personnage très différent de ce qu'ont pu m'apprendre des photos, des films ou des rencontres précédentes : Hitler, m'expliqua-t-il, est aujourd'hui un homme vieux et usé! Mais la réalité dépassa de très loin tout ce que j'avais pu craindre après cette mise en garde. L'Hitler dont j'avais gardé l'image dans ma mémoire ne ressemblait en rien à l'épave que je vis le 25 mars 1945 et qui me tendit une main tremblante...
Sa décrépitude physique était effrayante à voir. Il se traînait péniblement de sa chambre dans la salle de réunion, le thorax penché en avant, les jambes suivant à grand-peine. Il avait perdu le sens statique; si quelqu'un l'abordait sur son bref parcours (20 à 30 mètres), il devait s'asseoir sur un des bancs disposés à cet usage ou s'accrocher à son interlocuteur ...

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