Par faveur spéciale du Führer, le Dr Bloch ne fut pas déporté avec les autres Juifs autrichiens.
Il demeura le seulJuif vivant à Linz et, sans doute, en Autriche. Mais, paradoxalement, il ne pouvait plus exercer son métier. Car les lois de Nuremberg lui interdisaient de soigner des Aryens, et comme il n'y avait plus de Juifs...
En 1942, il obtint son visa pour l'étranger, gagna les Etats-Unis où les Américains, apprenant l'arrivée de l'ancien médecin d'Hitler, lui firent les plus stupéfiants reproches: Pourquoi n'avoir pas tué discrètement ce fou avant qu'il puisse nuire au genre humain ?

Deux heures après t'entrée triomphale du Führer à Linz, en 1938, quatre hommes de la Gestapo sonnèrent chez le Dr Bloch. Pas pour l'arrêter, non. Hitler avait donné l'ordre de le traiter avec égard. Mais pour récupérer ses tableaux... Le Führer voulait rassembler toute son oeuvre de jeunesse dans un grand musée national, pour l'édification des artistes allemands.
Avec surprise, les policiers constatèrent qu'il n'y avait aucune toile d'Hitler sur les murs de l'appartement. Leur stupeur s'accrut lorsque le Dr Bloch les convia à le suivre dans les combles où, sous des tonnes de poussière, les hommes de la Gestapo, abasourdis, trouvèrent les œuvres géniales de leur maÎtre. Oeuvres qu'on allait, pendant sept ans, reproduire des millions de fois dans toutes les revues et les livres d'art du Reich, et qu'on allait encenser jusqu'au délire.

Les parents d'Hitler, le douanier Aloïs et la mère Klara, vivaient alors à quelques kilomètres de Linz, dans un petit bourg appelé Leonding. Un médecin juif, le Dr Bloch, soignait toute la petite famille.
-C'était un homme étonnant, le médecin des pauvres, refusant la plupart du temps de prélever des honoraires. Il s'est admirablement occupé de la mère d'Hitler, et le jeune Adolf, une fois installé à Vienne, où il disait suivre l'école des Beaux-Arts, lui envoya, pour le remercier, une série d'aquarelles et de cartes postales dessinées.
Sachant à quel point la vie d'artiste est difficile, le Dr Bloch expédia au jeune Hitler plusieurs mandats. Mais, étant un homme d'un goût très sûr, il ne put jamais se résoudre à accrocher les croûtes d'Hitler dans son salon. Il les entreposa au grenier.