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Ouverture des Etats généraux le 5 mai 1789

Les Etats généraux
de mai 1789

Les Etats généraux s'ouvrent enfin. A l'hôtel des menus plaisirs, à Versailles, les 1200 députés sont accueillis en père par le roi, et en ami par Necker , le ministre des finances.
Mais, les formes de la convocation inquiètent les députés du Tiers pour qui les riches costumes du haut clergé et de la noblesse sont des marques extérieures de privilèges intolérables.

Procession solennelle du 4 mai 1789

députés du tiers Etat
Depuis le mois de mars, les gens du roi préparaient l'ouverture des Etats à Versailles. Prévue pour le 27 avril, la cérémonie a été différée pour permettre aux derniers venus d'arriver à temps — disent les uns parce que Louis songerait déjà — disent les autres — à renvoyer Necker. Mais enfin, le dimanche 3 mai, les hérauts d'armes du roi et le roi d'armes de France annoncent aux quatre coins de la ville de Versailles que la procession d'ouverture aura lieu dès le lendemain, lundi, au matin.
Ce cortège fixe, en un sens, le point de départ de la Révolution. Mais cette « auguste et touchante cérémonie » est aussi la dernière représentation de ce qui sera bientôt l'ancienne monarchie.
Dès 7 heures du matin (leur journée ne finira qu'à 16 heures), les députés sont sur pied en l'église Notre-Dame, pour la messe. A 10 heures, le roi les y rejoindra, accompagné dans sa voiture de plusieurs princes de sang ; de Berry, que l'on assassinera, d'Artois et son cousin, Chartres, le futur Louis-Philippe, qui mourront tous deux en exil. Son père, Orléans, incorrigible démagogue que l'on guillotinera bientôt, s'est rangé aujourd'hui avec les députés de son ordre. Le duc de Bourbon, — qui se suicidera — et son fils, Enghien — qui sera fusillé, sont déjà sur place. Elisabeth de France et la reine, condamnées elles aussi, arrivent à leur tour.
De là, après le Veni Creatôr, le cortège s'ébranle, à pied cette fois-ci, par des rues sablées vers l'église Saint-Louis. A la suite des prêtres versaillais, qui ouvrent la marche, — et dont beaucoup périront lors des massacres de septembre, — viennent, sur deux files, les députés des trois ordres, avec en tête, nombre de mandataires du Tiers, dont les jours aussi sont comptés ; certains déjà célèbres, tels Bailly ou Rabaut, d'autres qui le seront bientôt, Robespierre, Le Chapelier, Barnave, ainsi que le brave docteur Guillotin, qui lui, curieusement, traversera la tourmente.
Les Cent-Suisses et les gardes-françaises bordent les rues grouillantes de monde. Un balcon se paye 200 livres. Bel enterrement en somme, comme osera le dire tout de go le père de Mme de Boigne à la soeur du roi.

Louis XVI s'avance, revêtu du manteau fleurdelisé

Car il est bien certain que, à l'exception de délégués peu initiés aux arcanes de la politique, la plupart des députés du Tiers, comme les plus humbles représentants du clergé et de la petite noblesse, ne sont pas venus à Versailles pour faire de la figuration, pour approuver, en présence d'un souverain dont on prétend qu'il excelle à s'endormir à point nommé, les discours ampoulés des ministres, pour subir sans broncher la dictature d'une caste de pourpre et d'or fermement acquise aux principes de la monarchie absolue, tenant sous sa coupe, par le biais de privilèges abhorrés, l'immense majorité de la population française, qui attend des Etats généraux une plus juste répartition des charges dans une société remodelée à l'image de la réalité.
Un peu avant une heure de relevée, il se fait dans la salle et dans les galeries un grand mouvement de foule. En un instant, tout le monde est debout pour saluer par une longue ovation l'entrée de Sa Majesté.
Derrière les princes et les ministres ouvrant la marche, Louis s'avance, revêtu du manteau fleurdelisé, coiffé d'un chapeau emplumé scintillant des 137 carats du « Régent », le plus riche diamant du trésor royal. La reine suit. Elle a choisi, pour la cérémonie, de paraître en satin mauve et soie blanche, de n'arborer, en guise de coiffure, qu'un bandeau de pierreries, d'où émerge une aigrette de héron.

Dreux Bréze, un maître de cérémonies de 23 ans

Ouverture des Etats généraux
Tandis que la noblesse et le clergé sont accueillis sans formalité à l'entrée principale, les députés du Tiers doivent attendre d'être appelés par bailliage à la petite porte, ce qui ne va pas sans provoquer une longue antichambre et susciter de l'irritation ; d'autant que les quelques nobles siégeant parmi les « roturiers » n'ont guère l'habitude de faire ainsi le pied de grue.
Dans l'esprit du marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies du roi de France par dignité héréditaire, et qui n'a que vingt-trois ans au moment où lui incombe la charge d'organiser les Etats généraux, il ne s'agit pas là d'une mesure vexatoire, mais, plus simplement, d'une façon d'identifier les 578 députés des communes, presque tous inconnus de ses services, alors que les 270 députés de la noblesse sont familiers à ceux-ci, ainsi que les 291 ecclésiastiques, reconnaissables à leur mise.
De 8 heures du matin à midi sonné, les 1 139 députés devant prendre part à la séance inaugurale s'installent, peu à peu, sur les banquettes disposées des deux côtés et en face d'une estrade surmontée d'un ciel de velours violet parsemé de lis d'or. Là ont été disposés le trône et, légèrement en contrebas, le riche fauteuil de la reine. Le clergé, en rochet et camail, est à la droite du roi ; la noblesse, chapeautée « à la Henri IV », à sa gauche ; le Tiers, tout de noir vêtu, lui fait face. Au pied des marches, une table drapée est destinée aux orateurs.
De part et d'autre de l'estrade royale, d'autres rangées de banquettes et de pliants sont réservées aux princes, aux ministres, aux grands dignitaires, aux membres des maisons du roi et de la reine, tandis que la foule des invités, bruissant tel un essaim d'abeilles, va pouvoir suivre les débats depuis les galeries.
Le service d'ordre, gardes-françaises et gardes suisses, est, à vrai dire, des plus discrets. C'est à peine si l'on distingue quelques uniformes aux quatre coins de la salle. Il se dégage de cette assemblée des Menus-Plaisirs, baignant dans l'atmosphère un peu glauque d'un éclairage dispensé par des verrières voilées de taffetas, des accents de dignité auxquels ne sont pas étrangères la retenue du Tiers et celle de la majeure partie du clergé forte de 206 curés : autant de délégués peu habitués aux actes solennels et qui, pénétrés de la gravité de leur mission, affichent un comportement à la fois intimidé et sévère.
Bien sûr, pour tuer le temps, l'on bavarde. Il est question de la santé du petit Louis-Joseph-Xavier, le dauphin, dont la maladie va en empirant et que certains ont aperçu, la veille, suivant tristement du regard le lent défilé du cortège d'un balcon des Petites-Ecuries ; on parle, souvent pour s'en indigner, des cris séditieux poussés à l'encontre de la reine, de la peine que doit en avoir ressentie le roi ; on commente, diversement, l'attitude du duc d'Orléans, élu du bailliage de Crépy, qui, s'étant un instant mêlé au Tiers, n'avait réintégré son ordre qu'à la demande expresse de Sa Majesté ; on dit le plus grand bien, dans les rangs du Tiers s'entend, de l'homélie, lors de la messe du Saint-Esprit, de Mgr de La Fare, flétrissant les dépenses de la Cour et les brutalités des agents de la ferme, « misérables exacteurs qui exercent leurs barbaries sous le nom d'un bon roi... », passage souligné d'applaudissements nourris, en dépit de la présence sur l'autel de l'hostie consacrée ; mais ce sont essentiellement les questions de procédure qui alimentent les discussions : va-t-on délibérer par ordre ou en commun ? Va-t-on, enfin, voter, par tête ?
Les états généraux sont précédés de
la rédaction des cahiers de doléances
(photo). Dans tout le royaume, les sujets se mobilisent pour faire entendre leur voix dans la grande
consultation à venir.
bas
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(Gazette de Leyde, 12 mai 1789)