Installation à Sigmaringen ...
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Le 7 septembre, au petit matin, nouveau grand départ. Le bruit de la canonnade se rapproche de Belfort. Le territoire français dans sa totalité est sur le point d'être évacué par les troupes allemandes. Pétain ne peut qu'émettre, pour la seconde fois, une protestation solennelle auprès de Hitler. Laval, condamné à un sort identique. fait de même. La route passe par Mulhouse, Saint-Louis, Fribourgen-Brisgau, où l'on s'arrête pour la nuit. Le 8 septembre au matin, la Forêt-Noire et le massif du Maar traversés, le Danube est longé de Donaueschingen jusqu'au terme prévu, Sigmaringen. A l'arrivée de Pétain, de Laval, des ministres et des proches de leur suite, les responsables allemands procèdent à leur installation.
L'espace ne manque pas. Agglomérat d'appartements, toutefois distincts, reliés par d'interminables couloirs, d'immenses salons, d'innombrables escaliers, le château compte des centaines de pièces. Les occupants légitimes avaient quitté les lieux... bien malgré eux.
Pétain et sa femme sont logés à l'avant-dernier étage, dans l'appartement privé du prince qu'on atteint par un couloir de Cinquante mètres de long. Une petite suite d'officiers d'ordonnance l'accompagne, ainsi que son médecin personnel, le docteur Ménétrel.
Comme à l'hôtel du Parc à Vichy, Laval, accompagné de sa femme, est logé à l'étage inférieur, il l'est aussi grandement que le Maréchal. Il occupe l'appartement d'honneur des hôtes de marque du château.
Autour de Pétain et de Laval, les ministres et hauts fonctionnaires, classés en deux catégories: les actifs et les passifs. Ces derniers ont ac­compagné Laval dans son refus de continuer à assurer ses prérogatives.
Dans une aile du château, les actifs, eux, ont accepté de suivre Fernand de Brinon, le président de la délégation gouvernementale décidée par les Allemands. Il y a là:Marcel Déat, Joseph Darnand, le général Bridoux, Jean Luchaire. Tous sont accompagnés de leurs épouses (hormis Brinon qu'a suivi sa secrétaire-maîtresse Simone Mittre). A l'étage inférieur, Otto Abetz a logé quelques services diplomatiques et administratifs. On mentionnera la présence bien curieuse, dans cette principauté d'op­rette, de deux ambassades, celles d'Italie et du Japon, établies en ville. Autour du château, dans Sigmaringen, s'est installée, tant bien que mal, toute une colonie française. Parmi les figures marquantes : l'acteur Le Vigan, le journaliste Lucien Rebatet, Marcel Bucard, fondateur du parti franciste et, bien sûr, Louis-Ferdinand Céline, l'observateur irremplaçable. La petite société de Sigmaringen se compose de cellules fragmentées, communi­quant mal entre elles, voire s'ignorant totalement.
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