La rencontre de Petain et Hitler à Montoire
La rencontre de Pétain et Hitler à Montoire ...
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L'obstination paysanne de Laval va porter ses fruits. Le 22 octobre, convoqué à Paris par Abetz pour rencontrer Ribbentrop, il est emmené par celui-ci en voiture, vers une destination inconnue. Au bout de quelques heures, c'est une petite gare du Vendômois, Montoire. Le train spécial de Hitler, en route pour Hendaye pour y rencontrer Franco, s'y est arrêté. Pendant deux heures, le maître des deux tiers de l'Europe et Laval vont échanger des idées générales, mais qui semblent protéger, sinon l'intégrité de la métropole du moins celle de l'Empire.
Laval repart, fou de joie, pour Vichy, d'où il va ramener le maréchal malgré les contre-manoeuvres des ministres et de l'entourage, affolé. Pétain croit en son autorité, en son prestige. Il se rend à Montoire. L'entretien historique a lieu le 24 octobre. La conversation avec Hitler dure une heure.
Ce fut, en réalité, un dialogue de sourds. Hitler cherchait une collaboration militaire sérieuse, sans contrepartie. Pétain ne voulait à aucun prix se battre contre l'Angleterre et désirait, outre des allégements importants au sort des prisonniers et des populations, des assurances pour la paix future. On s'entendit sur une formule vague : la collaboration. Elle fera la fortune matérielle, au moins momentanée, de quelques-uns, avant de coûter très cher à beaucoup de patriotes sincères. Mais tout ceci est encore caché dans les brumes de l'avenir. Pour l'instant, l'Allemagne, liée à l'U.R.S.S. par-dessus le corps écartelé de la Pologne, est maîtresse du continent. Chacun, ignorant que Hitler pense déjà à Barberousse, s'attend à une invasion de l'Angleterre au printemps.
Le 30 octobre, le maréchal annonce au pays par la radio : C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer [...]. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays [...]. C'est moi seul que l'Histoire jugera. Mais dès le 28, Baudouin, ministre des Affaires étrangères, a démissionné, remplacé par Laval. Il est suivi, le 30, par Charles-Roux, son secrétaire général.
Montoire
la rencontre de Montoire
« Nous n'avons, Hitler et moi, échangé aucune parole, aucun geste dépassant les rites traditionnels d'une rencontre diplomatique. J'ai trouvé cet homme extrêmement désagréable de rapports, parlant d'une voix sourde et inintelligible, ne me permettant de lire dans sa pensée que par l'intermédiaire d'un interprète qui me paraissait adoucir volontairement les termes proférés ; il ne m'a pas une seule fois regardé en face et j'ai tâché de lui donner à comprendre que son attitude était à peine correcte vis-à-vis d'un vieux soldat comme moi. Ce n'est qu'un parvenu gonflé d'orgueil : nous n'avons rien de bon à attendre de lui. »
De cette confidence à Laure retenons le jugement sur Hitler : celui d'un général scrongneugneu sur un caporal, le même que celui d'Hindenburg, à quelques mots et quelques années près !
Ce que Pétain pense d'Hitler, il le dira encore à son ami René Leriche :
Un fou avec lequel il n'y a et il n'y aura aucun terrain d'entente possible, mais qu'il faut essayer de calmer !
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