Le procès d'Oradour ...
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le proces d'Oradour
Crime inexpiable et inexpié. Cette tragédie, qui aurait dû cimenter l'union entre Français, créa, par ses prolongements, de déplorables antagonismes. On comprend que les gens d'Oradour aient exigé la punition des coupables. Mais sur qui un juste châtiment pouvait-il s'exercer?
Les grands responsables du massacre avaient disparu. Le général Lammerding, réfugié en Allemagne dans la zone britannique, ne put être extradé. Les chefs de section du bataillon der Führer avaient été tués au cours des derniers combats. Dickmann était tombé en Normandie. Tous les officiers inscrits sur les rôles de la division, perdus dans la débâcle, demeurèrent introuvables. Que restait-il alors des criminels du 10 juin 1944?
Six soldats allemands prisonniers et treize Alsaciens incorporés de force après la seconde annexion de l'Alsace en 1940. Ces six Allemands, âgés, au temps d'Oradour, de seize à vingt ans, avaient obéi en soldats. La moindre résistance leur eût valu un sort semblable à celui des victimes. Quant aux Alsaciens, soumis à une discipline encore plus stricte, ils répondaient de leur passivité sur leur vie et celle de toute leur famille. Ces hommes étaient-ils vraiment coupables?
procès d'Oradour sur Glane
Sous la pression de politiciens et de groupes extrémistes, l'Assemblée nationale, pour légitimer les poursuites, vota une loi dite de responsabilité collective, juridiquement inacceptable et qui fut, d'ailleurs, révoquée peu après sa promulgation.
Elle violait, en effet, le principe de non-rétroactivité, base de nos institutions pénales et sauvegarde essentielle des droits de l'individu. Déjà des voix autorisées s'étaient élevées pour exiger le respect de la légalité. L'Alsace tout entière se rangea aux caltés de ses fils, victimes de son destin tourmenté.
Le procès s'ouvrit devant le tribunal militaire de Bordeaux, le 12 janvier 1953, soit après un délai de neuf années. Procès pénible, déchirant, tumultueux où seule la haute autorité du président Nussy Saint-Saëns sut préserver la dignité de la justice et empêcher que le débat ne tournât à l'affrontement. Pourtant, le verdict, nécessairement nuancé, loin de calmer les esprits, ralluma la discorde.
Oradour sur Glane
Du côté allemand, une seule condamnation à mort, celle du sous-officier Lenz, commuée, par la suite, en travaux forcés. Pour les autres, travaux forcés de douze à dix ans, bientôt réduits en considération des longues années de détention préventive. Côté alsacien, une condamnation capitale, également commuée en travaux forcés, celle du sous-officier Boos, engagé volontaire aux SS. Pour les autres, travaux forcés, de huit à cinq ans, dont une prompte amnistie devait les libérer.
L'Alsace réclamait l'acquittement. Elle se révolta en apprenant le verdict. Protestation à l'Assemblée, meetings, drapeaux cravatés de crêpe à toutes les fenêtres, cérémonies expiatoires à Strasbourg et dans les grands centres du Haut et du Bas-Rhin. L'unité nationale si péniblement reconquise parut, un instant, ébranlée.
Autre contestation, mais en sens contraire, en Limousin. Les anciens de la Résistance, la presse de la Libération s'indignèrent devant l'indulgence du tribunal. Indifférent aux visites d'officiels venus, suivant la formule consacrée, se recueillir sur les lieux du drame, Oradour renvoya la Légion d'honneur et la Croix de guerre décernées à ses armes. La nouvelle municipalité refusa d'enterrer les morts sous le monument national et confia les pauvres restes à l'ossuaire élevé par les soins de la commune. Colère généreuse que trop d'agitateurs exploitèrent moins en hommage aux victimes qu'au bénéfice d'intérêts électoraux.
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