La raffle d'Oradour ...
rideau
les SS et les maquis en France
Le 10 juin 1944, quatre jours après le débarquement allié en Normandie, les troupes allemandes disséminées dans le Sud-Ouest gagnaient en renfort le front de l'Atlantique. Époque de violents contrastes. D'une part, les vainqueurs de naguère sentant peser sur eux la menace de la défaite; de l'autre, les vaincus de 1940 renaissant à l'espoir, saluant les prémices de leur libération.
Entre les deux, le maquis passé à l'offensive, harcelant les Allemands par une guérilla qui ne leur consentait aucun répit. Chaque jour marquait une attaque imprévue, chaque détour de route masquait une embuscade.
Le commandement allemand répondait par de sanglantes représailles. On exécutait des otages, on brûlait au passage une ferme suspecte, on pendait ou fusillait les habitants. . Jamais, pourtant, la répression ne s'était encore manifestée par un massacre systématique, une hécatombe d'innocents froidement ordonnée.
Oradour avant le massacre
Ce 10 juin 1944, veille de la Fête-Dieu, Oradour est plus animé qu'à l'ordinaire. Sa population, déjà accrue par de nombreux réfugiés, s'augmente des gens du voisinage, femmes venues au ravitaillement hebdomadaire, hommes pressés de toucher leur décade de tabac. Les dernières nouvelles captées à la radio de Londres, la douceur du printemps limousin rendent la foule particulièrement joyeuse.
On se presse dans la Grand-Rue, à l'église fleurie pour la fête, au café, aux tables des hôtels Avril et Milord. De toutes les régions de la Haute-Vienne, Oradour est un des coins les plus tranquilles, niché dans la verdure, à l'écart des grandes voies de communication. Rares y sont les passages de troupes, aucun maquis dans les environs. On circule aisément par le tramway départemental, entre le bourg et Limoges. Quelques « Radouneux » s'y sont rendus en cette journée du 10 juin. Heureux hasard qui leur vaudra d'avoir la vie sauve, mais pour trouver, au retour, leur maison anéantie et les cadavres de leurs proches abandonnés parmi les autres en monceaux fumants !
avant le massacre d'Oradour
Un des meilleurs contingents de l'armée allemande, en route vers Avranches, la Panzerdivision SS das Reich, subissait, depuis Montauban, l'incessante pression de la Résistance. Peu auparavant, un commandant, Kempfe, avait disparu près de Guéret ; un lieutenant, Gerlach, et son chauffeur étaient faits prisonniers aux environs de Limoges et emmenés dans une direction inconnue. L'officier, parvenu à s'échapper, avait donné, un peu au hasard, comme lieu de sa détention provisoire un village nommé Oradour.
On s'est souvent demandé si Gerlach ne s'était pas trompé en citant Oradour-sur-Glane qu'il aurait confondu avec son homonyme Oradour-sur-Vayres, à quelque distance du premier. La supposition, basée sur une erreur possible d'orientation, a été démentie par le propre témoignage de Gerlach, lu au procès des criminels de guerre, à Bordeaux. Ses ravisseurs et leurs prisonniers (le chauffeur abattu peu après par le maquis) n'avaient que séjourné deux heures à Oradour, avant l'évasion mouvementée de Gerlach.
Oradour avant le massacre
Il semble donc que les SS, après les pendaisons de Tulle, la veille, 9 juin, aient voulu briser définitivement la Résistance par la terreur. La ville de Saint-Junien, proche d'Oradour, leur parut d'abord l'objectif indiqué. Mais la destruction d'une agglomération de 12 000 habitants eût été vraiment une trop vaste entreprise. Celle d'Oradour, plus aisée, devait, dans leur esprit, produire le même effet moral sur les populations.
La division das Reich était commandée par le général Lammerding; la section der Führer, envoyée à Oradour, se trouvait sous les ordres d'un certain Dickmann, type accompli du soudard, auquel une balle alliée devait, en Normandie, épargner la potence. Ce fut à Dickmann que Lammerding ordonna d'effectuer une perquisition dans Oradour pour y découvrir d'éventuels dépôts d'armes et appréhender les suspects. En fait, le général Lammerding désirait surtout disposer d'un lot important d’otages en vue d'assurer la libre circulation de ses troupes. Ses instructions, tout en prescrivant une extrême sévérité, n'allaient pas au-delà des mesures à prendre pour l'élimination du maquis. Mais Dickmann n'hésita pas à les outrepasser et organisa délibérément le carnage.
Un survivant d'Oradour
Il était 14 h 30 lorsque débouchèrent les premiers camions. Surpris, mais nullement inquiets, les habitants les virent défiler par la Grand-Rue et s'arrêter à l'extrémité du village. D'autres exécutèrent une même manoeuvre par les voies latérales. La queue du convoi stoppa à l'entrée. Ainsi les issues étaient barrées, empêchant toute sortie. On crut à une pause.
Narquois, les assistants contemplaient cette colonne de véhicules qui donnait déjà l'impression de la retraite. On se murmurait à l'oreille : « Voilà les Fritz qui déménagent I A l'école, les enfants, ravis de cette diversion, s'étaient précipités aux fenêtres. Les yeux écarquillés, le nez collé contre les carreaux, ils goûtaient l'imprévu d'un spectacle assez nouveau pour eux. Seul, un petit Lorrain, Roger Godfrin, pressentit le danger. Des Allemands, dit-il, je les connais! Ils vont encore nous faire du mal.Et se faufilant, s'effaçant à la vue de la maitresse, il gagna la porte, courut au préau. Puis, de mur en mur, de jardin en jardin, il prit la fuite vers la campagne, se cacha dans les bosquets, rampa dans les blés, échappant aux regards grâce à sa petite taille et atteignit enfin le bois de Vayres où il se tapit. Des paysans l'y découvrirent, le lendemain, épuisé, presque mort de peur, mais sain et sauf. Roger Godfrin est le seul enfant d'Oradour qui ait survécu au massacre.
anecdote
accueil
Accueil
Oppression er pillages