La petite reine pendant l'occupation
rideau
Devant cette disparition des véhicules automobiles et la raréfaction ou l'inconfort des transports en commun, la bicyclette, jusqu'a­lors apanage urbain des seuls travailleurs manuels, confinés dans les quartiers industriels aux heures blafardes de l'aube et du crépuscule, fait soudain une rentrée en scène triomphale, et mérite de nouveau, après un demi-siècle d'éclipse mondaine, son titre de petite reine. Pendant les années d'occupation, elle régnera sur les chaussées et dans les coeurs.
Paris ressemble à une immense Copenhague. De 8 400 000 en 1938, le nombre des bicyclettes passera à 10 700 000 en 1942. Instrument de travail et en même temps luxe du prolétaire, elle devient le moyen de transport du bourgeois. Mais aux premiers jours après la défaite, avant qu'ils aient pu, à coups de relations ou à prix d'or, acquérir le deux-roues destiné à remplacer l'Hispano, la Delage, la Peugeot ou la Citroën, on a vu des magnats des affaires ou des maîtres du barreau déambuler en soufflant sur les trottoirs et regarder d'un oeil envieux leurs employés ou leurs secrétaires, fièrement juchés sur leurs vélos.
Vélos parfois dénichés au grenier ou rapportés de la campagne et à qui l'obligation de porter une plaque minéra­logique, assortie d'une carte grise, confère un titre de noblesse véritable. Bientôt, Saint-Étienne aidant, l'égalité des moyens de transport mécaniques est établie pour la première fois en France : les P.D.G. (ils sont institués à cette époque) et leurs subordonnés circulent démocratiquement côte à côte, nivellement momentané des classes sociales sur le macadam.
la petite reine à Paris de 1940 à 1945
velos taxis à Paris de 1940 à 1945
Quelques taxis à moteur circulent encore, rarissimes. Les autres sont remplacés par les vélos-taxis, simples ou en tandem, actionnés par de vigoureux gaillards qui échappent ainsi au chômage et se font de bonnes journées.Comme pour les autos, les vols de bicyclettes sont fréquents et les infractions aux règlements de la circulation sévèrement réprimés.
anecdote
accueil
Accueil
Vie quotidienne