Paillasses et chiffons ...
rideau
logement des ouvriers
Paillasses et chiffons...
... En province, dès la Restauration et la monarchie de Juillet, Villeneuve-Bargemon, Villermé, Adolphe Blanqui ont dénoncé les taudis, notamment les caves de Lille (dans le quartier Saint-Sauveur). Ces caves, écrit Villermé, n'ont aucune communication avec l'intérieur des maisons: elles s'ouvrent sur les rues ou sur les cours et l'on y descend par un escalier qui en est très souvent à la fois la porte et la fenêtre. Elles sont en pierre ou en brique, voûtées, pavées ou carrelées et toutes ont une cheminée, ce qui prouve qu'elles ont été construites pour servir d'habitation.
Adolphe Blanqui décrit la vie des trois mille miséreux qui s'y entassent: Le plus souvent ils couchent tous sur la terre nue, sur des débris de paille de colza, sur des fanes de pommes de terre desséchées, sur du sable, sur les débris même péniblement recueillis dans le travail du jour. Le gouffre où ils végètent est entièrement dépourvu de meubles, et ce n'est qu'aux plus fortunés qu'il est donné de posséder un poêle flamand, une chaise de bois et quelques ustensiles de ménage. « Je ne suis pas riche, moi, nous disait une vieille femme en nous montrant sa voisine étendue sur l'aire humide de la cave, mais j'ai une botte de paille, Dieu merci! "
Sous le second Empire, le docteur Binaut, chargé d'enquêter sur la vie de l'ouvrier lillois, complète ainsi la description: Les lits consistent en général en un mauvais bois de lit rempli dé punaises, en une paillasse plus ou moins fournie, contenant un peu de paille, qui le plus souvent dégage une odeur infecte, et en quelques lambeaux de couverture. Les draps de lit ne sont pas connus; les berceaux ne contiennent qu'une poignée de mauvaise paille putréfiée et quelques chinons. C'est là que l'enfant passe un an ou deux jusqu'à ce qu'un frère ou une soeur vienne l'en chasser; alors il passe sur une paillasse par terre ou dans le lit avec d'autres frères et soeurs, ou bien il va se coucher sur les pieds de ses parents. Les murs sont partout couverts de crasse. Dans quelques circonstances, c'est la nécessité qui force les pauvres à cette malpropreté. Ainsi quelques-uns, pour faire la chasse aux punaises, enduisent les murs de leur chambre d'un mélange de poivre et de savon noir.
anecdote
accueil
Accueil
Les ouvriers au 19e siècle