La course aux victoires

Les As

La bataille d'Angleterre fut gagnée grâce à l'aviation et au courage de ses pilotes. Courage exalté dès le 20 août 1940 par Churchill.
Il prononça cette phrase désormais célèbre:
" Jamais dans l'humanité, tant d'hommes ont dû autant, à si peu d'entre eux "
Si vous aimez ce site ne bloquez pas l'affichage des publicités... Merci !

Emulation et rivalité entre pilotes

Pilotes de la RAF pendant la bataille d'Angleterre
Si, dans la RAF, une saine émulation s'est spontanément créée chez ces jeunes hommes pour tenter de devenir l'as du Squadron, elle fut sans commune mesure avec la rivalité qui a régné au sein de la Jagdwaffe et qui a soigneusement été entretenue par la propagande officielle et la presse allemande, l'une comme l'autre étant toujours en quête de héros.
À l'inverse de ce que publie la presse anglaise, plus discrète et révélant peu le nom des pilotes de la RAF, les
récits et les interviews des as allemands s'étalent dans les journaux civils et dans les magazines militaires comme Signal et Der Adler. Ce dernier, organe de propagande de la Luftwaffe, comme son nom l'indique, publie chaque semaine un trombinoscope des nouveaux récipiendaires de la Ritterkreuz.
La RAF se contente de la London Gazette, qui ressemble plus au Journal officiel qu'à un outil de propagande,
pour informer le public des décorations accordées, sans photo de l'impétrant et dans un style très victorien. Toutefois, la remise de hautes décorations, comme la Victoria Cross et le Distinguished Service Order, donne lieu à un communiqué nominatif officiel.

Le palmarès des As

pilotes allemands pendant la bataille d'Angleterre en 1940
Galland rapporte cette anecdote significative, quand, fin septembre, il quitte Berlin, où il vient d'être décoré des Feuilles de chêne pour se rendre dans la propriété de Goering dans la Rominterheide, en Prusse Orientale. Il y croise Mölders qui lui dit en aparté : « Le Gros m'a promis qu'il te garderait aussi longtemps qu'il m'a gardé ». Mölders, débarrassé pendant quatre jours de son concurrent direct, repart pour allonger son palmarès, qui totalise également 40 victoires. La course entre les deux hommes continue, à laquelle ne tardera pas à participer un nouveau concurrent, Helmut Wick, dont le palmarès croît de manière fulgurante.
Il est intéressant de noter dans la liste des as allemands au 31 octobre, qui est la date retenue par les Britanniques pour la fin de la Bataille d'Angleterre, que tous les pilotes sont officiers et exercent un commandement, les trois premiers étant même Kommodores.
La situation est un peu différente dans la RAF. Si la plupart des as sont officiers, tous n'exercent pas de commandement.
En Allemagne, il serait impensable qu'un grand as ne soit pas promu au grade d'officier, propagande oblige. Alors que dans la RAF, les pilotes sont en général promus en fonction de leur aptitude au commandement, dans la Luftwaffe, ils le sont souvent en fonction de leur notoriété ou de leur palmarès, les deux étant liés.
Effet pervers, cela donne des Wick ou des Marseille, pour ne citer qu'eux, des pilotes individualistes plus préoccupés par leur score personnel que par l'efficacité de leur unité. Effet boomerang, quand le grand as est tué au combat, cela devient une catastrophe nationale. Effet écran de fumée, on en trouve un autre pour prendre sa place...

Les décorations

Corollaire de leur médiatisation, pour les as allemands, c'est aussi le temps des décorations. La Croix de Chevalier de la Croix de Fer est décernée d'une manière pratiquement automatique après la 20e victoire, sans distinction de grade. Mais comme il devient vite évident que cela ne suffira pas, le 3 juin 1940, Hitler institue la Croix de fer avec Feuille de chêne pour récompenser les pilotes après leur 40e victoire. Werner Mölders sera le premier pilote à recevoir chacune de ces deux décorations, la seconde, le 21 septembre 1940, Galland devant patienter quatre jours pour décrocher la sienne. À noter que ce dernier a reçu la Croix de fer après seulement sa 17e victoire.
À l'inverse, les Britanniques décernent leurs plus hautes décorations sur des critères davantage subjectifs. La plus prestigieuse est la Victoria Cross, mais c'est celle qui fait le moins rêver, car, sur les 32 aviateurs qui en ont été décorés pendant la Seconde Guerre mondiale, 19 l'ont reçue à titre posthume. Récompensant les hauts faits de guerre et les actes de bravoure exceptionnelle, elle est ouverte à tout militaire, quel que soit son grade.
Un unique pilote de la Bataille d'Angleterre, le Flight Lieutenant Nicolson du N° 249 Squadron, sera décoré de la Victoria Cross. Il sera d'ailleurs le seul pilote du Fighter Command de toute la guerre à la recevoir, la solitude du pilote de chasse n'étant guère propice à la narration de tels exploits, sans doute réalisés par de nombreux autres pilotes, mais qui, tombés sans témoins, ne sont pas revenus pour raconter leur histoire.
La croix de fer pour les pilotes allemands