Roehm, le plus ardent
des disciples

La nuit des longs couteaux

Lorsqu'il menaça le pouvoir de Hitler, Ernst Roehm, chef des S.A., fut liquidé. Au même moment, une purge sanglante (la Nuit des longs couteaux) épura l'ensemble des S.A.
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Un physique de reître et d'aventurier

Roehm. Un physique de reître et d'aventurier
Tout avait commencé le 3 août 1921, quand Ernst Roehm avait eu l'idée de créer les S.A. Les réunions du jeune parti national-socialiste étaient souvent troublées par des adversaires politiques. Souvent, cela dégénérait en corps à corps. D'évidence, il fallait assurer la sécurité des rassemblements. A l'origine, les S.A. n'étaient autres qu'un service d'ordre. On l'avait appelé la Sturmabteilung. Abréviation : S.A., que l'on avait traduit par Sections d'assaut. Tout de suite, on avait recruté les premiers membres des S.A., des militants prêts à recevoir les coups, mais surtout à frapper fort.
Un officier, ce Roehm, un officier de 14-18. Il s'était battu, beaucoup battu, bien battu. Un combat l'avait défiguré. La chirurgie esthétique lui avait refait le visage et notamment fabriqué un nez. Il lui en restait des traces évidentes. Il n'était pas beau, Roehm, il était même repoussant. Un physique de reître et d'aventurier.
Comme tant d'autres Allemands (comme Hitler lui-même) il était sorti amer, désespéré, de la défaite. Officier dans l'armée de l'armistice, il avait organisé la garde civile bavaroise pour écraser les rouges. C'était le temps où se créait un mouvement politique, le parti ouvrier national-socialiste. Quelques dizaines de membres. Vigilante, l'armée. Par ordre, le capitaine Roehm était entré dans ce parti.

Une parfaite communion d'idée

Hitler et Roehm
Un peu plus tard, il avait vu paraître un certain Adolf Hitler, lui aussi venu sur ordre de l'armée. Intéressant, cet Hitler qui parlait bien. C'est Roehm qui avait conseillé de faire de lui le propagandiste du parti. Roehm était donc le premier qui ait cru en Hitler. C'est à Roehm que Hitler devait sa carrière.
Désormais, les deux hommes allaient vivre en parfaite communion d'idées. Quand Hitler était devenu le chef indiscuté du parti (mué en parti national-socialiste) Roehm s'était voulu le plus fidèle, le plus ardent de ses disciples. Son ami, aussi. Le plus intime, et peut-être le seul. Hitler tutoyait Roehm, lui qui ne tutoyait personne, en tout cas aucun de ses lieutenants.
Roehm fut à Munich, lors du putsch, avec Hitler et Goering. Après l'échec, il avait reconstitué les Sections d'assaut. Il y croyait, à ses S.A. Il voulait transformer le Parti en un nouveau corps franc, subordonner le Parti aux S.A. Hitler n'avait pas accepté : il voulait un parti politique, pas un groupe de choc. Déçu, Roehm avait quitté l'Allemagne pour l'Amérique du Sud. Là, il était devenu l'instructeur de l'armée bolivienne.

Trois millions de chemises brunes

Mais, là-bas, lui parvenaient les échos des succès nationaux-socialistes. Aux élections, c'étaient des vagues entières de députés nazis qui entraient au Reichstag. Hitler? Une force avec laquelle on comptait. Alors, Roehm était revenu. Hitler l'avait accueilli à bras ouverts et, comme une chose qui allait de soi, lui avait confié de nouveau le commandement des S.A.
Le succès va au succès. Ce à quoi on assistait, c'était au triomphe du parti national-socialiste. Partout existent des gens qui se rallient au plus fort. Ces gens-là adhérèrent en masse aux S.A. Il suffisait de donner une signature. On recevait une carte d'adhésion et puis un bel uniforme de couleur brune.
Il y avait en Allemagne 100 000 S.A. en 1930. Il y en eut 300 000 en 1933.
Et puis, le vieux maréchal Hindenburg avait désigné Adolf Hitler comme chancelier d'Allemagne. En 1934, il y avait trois millions de S.A. Leur chef était toujours Roehm. Décidément, il fallait compter avec Roehm.
Le premier qui l'ait su, c'est Hitler. Combien d'images qui subsistent aujourd'hui de ces revues des S.A. passées par deux hommes marchant côte à côte : le Führer et Roehm. Entre eux, aucun problème. Hitler avait même fait de Roehm un ministre sans portefeuille. Entre eux, aussi, une amitié qui n'avait pas faibli et réelle.