Les plus dangereux
les plus décorés

Les grands As
des U-Boote

Seuls cinq commandants allemands de sous-marins ont été décorés de la Croix de chevalier de la Croix de fer avec Feuilles de chêne et Épées. À l’exception de Brandi, les quatre autres ont rejoint la U-Bootwaffe bien avant-guerre, ce qui leur a permis d’acquérir une longue et excellente formation en temps de paix.
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Une carrière rapide et une grande liberté d'action

Erich Topp, commandant de U-Boot
L’arme sous-marine offre aux futurs commandants la perspective d’une carrière rapide et une grande liberté d’action ; c’est ce que recherchent les officiers ayant une forte personnalité, et ce qu’ils ne peuvent trouver en servant sur un grand bâtiment de surface. Mais, à leur arrivée, le chef de la nouvelle arme sous-marine, le Karl Dönitz, leur explique clairement qu’ils devront mériter leur place dans cette unité d’élite :
« La marine représente la crème des forces armées. Les sous-marins représentent la crème de la marine. Peu d’entre vous commanderont leur propre sous-marin un jour. La plupart retourneront aux grands bâtiments d’où vous venez. L’avenir de chacun dépend de ses efforts individuels pour atteindre les standards que j’attends de lui ! »
Ces officiers furent de grands professionnels, des commandants de U-Boot respectés et admirés par leur équipage, qui acceptait de les suivre quels que soient les risques... Dans un sous-marin, le commandant ne peut pas se cacher. Il doit être exemplaire à tout moment, garder son sang-froid, montrer à l’équipage qu’il y a un maître à bord et que c’est lui qui prend les décisions. En période de calme, il doit être disponible, parler avec ses hommes et s’occuper concrètement de leurs problèmes afin que tous sentent qu’ils appartiennent à une communauté au destin lié. Il doit aussi récompenser les plus méritants, sachant enfin que ses éventuels succès renforceront son autorité.

La croix de chevalier de la croix de fer

La croix de chevalier de la croix de fer pour les as des U-Boote
Les hautes décorations que ces cinq As ont obtenues leur ont été remises à des périodes différentes durant le conflit ; leurs conditions d’attribution par l’état-major de la U-Bootwaffe sont en effet très différentes entre le premier en 1941 et le dernier en 1944. Jusqu’à la mi-1942, le calcul est assez simple : un commandant ayant coulé 100 000 tonnes de navires alliés reçoit automatiquement la Croix de chevalier. Cette décoration peut également être décernée à titre exceptionnel, comme par exemple pour Günther Prien suite à son raid très audacieux dans la base britannique de Sacapa Flow et la destruction du Royal Oak; elle est aussi généralement décernée aux commandants ayant coulé un porte-avions, ce qui arrivera six fois pendant le conflit, et exceptionnellement à Volfgang Lüth pour son palmarès hors norme sur deux U-Boote côtiers Typ II.
Si les Feuilles de chêne sont remises automatiquement aux commandants ayant dépassé 200 000 tonnes de navires coulés, l’obtention des Épées résulte d’une décision directe du Haut commandement pour récompenser une carrière exceptionnelle. À partir de 1943, les conditions de combat se dégradent considérablement pour les U-Boote du fait de l’amélioration des techniques anti-sous-marines alliées. Par conséquent, les critères d’obtention de ces décorations sont considérablement assouplis, et l’état-major de la U-Bootwaffe tient aussi compte du lieu des succès revendiqués : il est beaucoup plus difficile pour un sous-marin d’obtenir un grand palmarès en Méditerranée (où naviguent des cargos de petit tonnage) que dans l’Atlantique Nord...
Comme l’indique le dicton des sous-mariniers allemands à partir de 1943, « Les idiots naviguent dans l’Atlantique Nord, les idiots complets en Méditerranée » ; ce théâtre d’opérations est en effet très dangereux, car ils doivent opérer dans une eau claire, grouillant de vaisseaux ennemis et, depuis le débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942, survolée en permanence par l’aviation alliée. D’ailleurs, compte tenu de leur dangerosité, de leur rapidité et du faible tirant d’eau de certains escorteurs, le fait de couler des bâtiments de guerre plutôt que des cargos est aussi considéré comme plus méritoire. Ceci explique les décorations exceptionnelles reçues par Albrecht Brandi à la fin de la guerre, ce commandant ayant déclaré à l’époque avoir coulé 21 cargos pour 118 000 tonnes, 3 croiseurs et 12 destroyers !

Chaque As de U-Boot à une personnalite bien particulière

Les résultats réels de ces cinq As sont très inégaux : de 47 marchands coulés (274 418 tonnes) pour le premier, à seulement 12 navires coulés (31 689 tonnes), dont trois bâtiments de guerre, pour le dernier ! Fait étonnant, chacun d’eux est « attaché » à une base française différente : Lorient pour Otto Kretschmer, Brest pour Reinhard Suhren, Saint-Nazaire pour Erich Topp, Bordeaux pour Wolfgang Lüth et Toulon pour Albrecht Brandi.
Quatre ont obtenu leurs meilleurs résultats sur des Typ VII de 626 tonnes (en surface), principalement dans l’Atlantique.
Seul Wolfgang Lüth a navigué sur de grands Typ IXA puis IXD-2 ; le long rayon d’action de ce dernier lui a permis (à une période où les Alliés sont maîtres de l’Atlantique Nord) d’atteindre l’océan Indien pour trouver ses dernières victimes. Mais chacun d’entre eux a une personnalité et un parcours bien particuliers.
Commandant de U-Boot décoré de la croix de fer