Un avion Liberator arrive

L'affaire du Laconia

L’avion se met en piqué. Il fonce sur l’U 156.
Hartenstein voit distinctement s’ouvrir le panneau de la soute à munitions.
Tous ceux qui regardent – et ils regardent tous – le voient aussi. Hartenstein hurle un ordre :
En avant toutes !
Si vous aimez ce site ne bloquez pas l'affichage des publicités... Merci !
Le U-507 connaît une fin tragique : le 13 janvier 1943 le long des côtes nord-ouest du Brésil, il est grenadé
à mort par un PBY Catalina. Le U-156 est coulé le 8 mars suivant à l’est de la Barbade, lui aussi par
un hydravion américain. Enfin, le U-506 est détruit le 12 juillet 1943, par 7 charges de profondeur lancées
par un B-24 Liberator au large du Portugal. Seuls 6 hommes du U-506 sont repêchés, les équipages des autres submersibles disparaissant corps et biens.
Le Cappellini connaît une trajectoire bien plus originale : après l’affaire du Laconia, il est converti en sous-marin de transport et fait des navettes entre l’Italie et l’Extrême-Orient. La capitulation italienne de 1943 le
surprend au Japon où il est capturé et rendu à l’Allemagne. Renommé UIT-124, il reste dans le Pacifique
avec un équipage mi-allemand mi-italien. À la capitulation du Reich, le UIT-124 est à nouveau capturé par
la flotte impériale nippone. Il est renommé I-503 et reçoit un équipage en partie japonais. Il sera sabordé
par les Américains au large de Kobe le 16 avril 1946.
A savoir
le destin des U-boote

Hartenstein, commandant du sous-marin allemand U-156, compte les heures

Les rescapés du Laconia
Les rescapés se considèrent comme très privilégiés par rapport aux occupants des embarcations disséminées à la surface de la mer. Serrés les uns contre les autres, en proie au mal de mer, glacés la nuit et brûlés par le soleil le jour, certains semblent plus morts que vivants. Beaucoup de cadavres ont été jetés par-dessus bord.
Enfin, le 15 septembre, Hartenstein a la joie de voir apparaître l'U 506. Hartenstein a recueilli plus de 260 passagers. La moitié d'entre eux seront transférés à bord de l'U 506. L'opération accomplie, les deux submersibles s'en vont à la recherche des autres naufragés. De nouveau, ils recueillent les malheureux à bout de force, en commençant par les femmes et les enfants. Les sous-marins ne peuvent plus recueillir personne mais les canots restent encore pleins de naufragés. Hartenstein a alors l'idée de prendre en remorque trois ou quatre embarcations solidement amarrées par un filin. Le spectacle est sans doute étrange mais il ne s'en soucie guère. Il n'attendra plus longtemps. On l'a averti de l'arrivée prochaine d'un sous-marin italien et de trois bâtiments français.
16 septembre. Épuisé de fatigue et de tension nerveuse, Hartenstein compte les heures ; il a hâte de voir arriver les sauveteurs et d'être dégagé de sa terrible responsabilité. Il scrute l'horizon ..

Le sous-marin est bombardé !

Libérator dans l'affaire Laconia
Il ne voit rien à l'horizon mais croit entendre un moteur. Le bruit se rapproche. Un avion se montre dans le ciel. Levant les yeux, le commandant distingue quatre moteurs. C'est un Liberator, anglais ou américain.
Hartenstein n'est pas inquiet mais par mesure de précaution donne l'ordre d'étaler le grand drapeau de la Croix-Rouge. Maintenant, le Liberator est tout près. Il tourne en rond au-dessus de l'U 156. C'est un Américain, on distingue ses étoiles. Le Liberator s'éloigne. Il va sans doute chercher du secours. Non, il revient. Le voici qui approche. Il est à 80 mètres de hauteur. Brusquement, Hartenstein a un coup au coeur : il a vu le panneau de la soute à munition s'ouvrir : le sous-marin va être bombardé ! En avant, toute ! hurle le commandant.
Une embardée formidable se produit. L'U boot fait un bond en avant et file à toute vitesse. Derrière lui, les quatre embarcations en remorque ont effectué la même embardée, à la grande terreur des occupants qui tombent les uns sur les autres. Il n'est que temps. Deux secondes plus tard, une bombe tombe à l'endroit exact où se trouvait le submersible. Elle est bientôt suivie d'une seconde. Des cris, des jurons s'entrecroisent mais ni l'U Boot ni les canots n'ont été touchés. Le Liberator revient cependant menaçant.
Coupez les amarres, crie encore Hartenstein.
Un marin, la hache à la main est déjà prêt à la manoeuvre. Les filins sont tranchés. Le sous-marin continue sa course tandis que les bombes pleuvent. Un des canots est éventré. L'avion poursuit ses ennemis jusqu'à ce que ses soutes soient vides, puis il repart.
La dernière bombe a atteint le submersible. Un officier veut rendre compte à Hartenstein des dégâts : périscopes faussés, bloqués, sept cellules de batteries vidées, réservoirs d'eau des diesels crevés, T.S.F. détruite. On réparera cela avec les moyens du bord.
En attendant, un nouvel ordre est lancé : tout le monde sur le pont ! Évacuez les naufragés !
Aussitôt son bâtiment évacué, Hartenstein donnera l'ordre de plongée. Pour lui, le sauvetage est terminé.

Un message est envoyé par Hartenstein

A 13 h 45, Hartenstein se retrouve seul avec son équipage par cinquante mètres de profondeur. Périscopes faussés, coincés, batteries vidées ou endommagées, ballasts crevés. Aussitôt, il fait réparer. « Très bon travail du personnel technique », note-t-il sur son livre de bord.
21 h 42, la nuit est venue ; il refait surface et, pour la première fois depuis plus de cent heures, il peut respirer librement, sans naufragés, sans être attaqué, sans autre souci que d'aviser le B.d.U. de ce qui est arrivé. Hélas ! sa radio est avariée. On la répare. A 23 h, un message peut être envoyé :
Hartenstein. Stop. Liberator américain nous a bombardés cinq fois avec quatre canots chargés malgré un pavillon avec croix rouge de 4 m² Stop. Altitude était de 60 mètres. Stop. Les deux périscopes endommagés. Stop. Arrête sauvetage. Stop. Tout le monde enlevé du pont. Stop. Vais à l'ouest pour réparer. Stop. Hartenstein.

La colère de Doenitz

La colère de Doenitz dans l'affaire Laconia
A ce télégramme, on devinait la colère de Doenitz quand il avait appris le bombardement de l'U-156 alors qu'il sauvait les naufragés du Laconia. Aussitôt, il avait rédigé un ordre du jour général (l'ordre Triton Null) pour tous les sous-marins en mer à l'exception de ceux des meutes. Doenitz ne voulut pas, cependant, le diffuser immédiatement. Pour le transmettre, il attendit que les naufragés du Laconia fussent donnés aux Français. Ceux-ci arrivèrent le 17 au matin sur les lieux, très étendus maintenant, car les embarcations ou les groupes de canots s'étaient dispersés. Entre l'U-505, l'U-506 et l'Annamite d'abord, le Gloire ensuite, le transbordement des naufragés eut lieu. Les tubes lance-torpilles des U-boote étaient dirigés vers les bâtiments français. Au moindre mouvement vers un canon, les torpilles auraient été lancées. De son côté, le Dumont-d'Urville prenait les naufragés du Cappellini. Les navires français rencontrèrent aussi des embarcations surchargées et prirent à leur bord leurs passagers.