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Les auberges de jeunesses et le colonies
de vacances en 1936

L'été des premiers
congés payés

Soutenues par Léo Lagrange, les Auberges de la Jeunesse ont fait la grande originalité de la politique des loisirs juvéniles sous le Front populaire :
"Réunir les jeunesses intellectuelles, ouvrières et paysannes, établir un contact entre les jeunes de tous les pays, voilà le magnifique but des Auberges de la Jeunesse. L'Auberge est une véritable petite République des Jeunes, où discussions politiques et religieuses sont également bannies, ainsi que tout ce qui peut diviser."

Le mouvement des auberges de jeunesse

Les auberges de jeunesse et Léo Lagrange en 1936
Si, contrairement à une idée répandue, Léo Lagrange n'a pas fondé les Auberges de la Jeunesse, il a beaucoup contribué en 1936-38 au développement spectaculaire de ces endroits d'échanges inspirés de l'expérience allemande, introduits en France par le chef charismatique catholique Marc Sangnier : la première Auberge de la Jeunesse fut inaugurée à Bierville, près d'Étampes, en août 1930. Il s'agissait de créer un réseau de lieux d'accueil à prix modique pour les jeunes voyageurs. Le concept de l'Auberge englobe le tourisme, les activités de plein air et une dimension éducative.
Ce mouvement se décline en deux grandes organisations :
- la Ligue Française pour les Auberges de la Jeunesse (LFAJ), créée en 1930 ; elle est laïque, mais proche des catholiques et jugée trop confessionnelle par de nombreux militants de gauche ;
- le Centre Laïque des Auberge de la Jeunesse (CLAJ), fondé en juin 1933 par des militants de la laïcité liés à la SFIO ; il est patronné par le Syndicat National des Instituteurs (SNI), la Ligue de l'Enseignement, la CGT et la Fédération nationale des municipalités socialistes.
Les deux premières auberges du CLAJ s'ouvrent dès le mois de juillet 1933 au Perreux et au Plessis-Robinson. On en comptera quarante l'été suivant. Le CLAJ finira par dépasser la LFAJ en nombre d'auberges et d'adhérents.

Egalité, solidarité et optimisme

Les auberges de jeunesse en 1936
Dans son discours-programme du 10 juin 1936, Léo Lagrange définissait aussi le concept de "Club de loisir", qui devrait fonctionner en lien avec les Auberges de la Jeunesse pour organiser des conférences, des visites de musées, d'usines... En réalité, il s'agira de "Clubs d'usagers", un type de sociabilité typique de l'époque qui se superpose aux Auberges. Le principe est de réunir les adhérents tout au long de l'année, par lieu de résidence et non de villégiature, pour des conférences, des visites organisées, des manifestations artistiques, des activités sportives, en partenariat avec différentes associations culturelles du Front populaire. Cela permet de développer l'usage de l'Auberge en fin de semaine. Pascal Ory a pu analyser qu'avec cette initiative, "on glisse progressivement du lieu vers l'esprit, du contenant vers le contenu, de la nature vers la culture".
Auberges et clubs d'usagers constituent en effet la clé de voûte de la politique culturelle du Front populaire. À la kermesse du CLAJ, le 21 juin 1936, en Seine-et-Marne, Léo Lagrange se proclame lui-même "ministre des Auberges". Il visite, inaugure, subventionne... Son nom sera même donné à plusieurs Auberges en 1936-37. Profitant de l'Exposition de 1937, il fait construire une Auberge modèle à Paris, boulevard Kellermann, qui ouvre au mois de juillet. Associant la LFAJ et le CLAJ (les deux organisations que Lagrange ne parviendra jamais à réconcilier)—, elle verra défiler 3 000 usagers par mois.
Le mouvement des auberges est devenu le lieu de réalisation idéal des trois valeurs chères à la gauche de l'époque : égalité, solidarité et optimisme.
Entre juin et décembre 1936, le nombre d'auberges en France passe de 250 à 400. Elles sont implantées à travers tout le pays, jusqu'en montagne. Le mouvement, fortement coloré de pacifisme, se développera jusqu'en 1938. Son apogée se situera pendant l'été 1939, avec 700 à 800 unités.

Les jolies colonies de vacances

Les jolies colonies de vacances en 1936
Expérimentées à partir de 1876 par le pasteur suisse Hermann Walter Bion, les premières colonies de vacances offrent aux enfants des quartiers pauvres de Zurich, menacés par la tuberculose, deux semaines de vie au grand air. En 1882, grâce à un rapport du pasteur Bion présenté au Congrès International d'Hygiène de Genève, les colonies de vacances reçoivent une consécration scientifique.
L'idée se répand alors à travers la Suisse, puis l'Europe, les États-Unis, l'Amérique du Sud et le Japon. En France, on recensait déjà 100 000 colons en 1913, ils sont 420 000 en 1936...
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