Les incohérences de Gamelin
Une fois le schéma expliqué, tous les stratèges se demandent comment cet officier a pu se laisser prendre aussi naïvement. Lorsqu'on compare ses déclarations de 1938 à 1940 à ses Mémoires, on note une incohérence intellectuelle, un manque de synthèse, de clarté, une désinvolture, un manque d'intérêt, un souci de ne pas intervenir et le besoin constant de se justifier et de mettre la faute sur les autres.
Un dirigeant militaire insiste :
Vous aurez de la peine à obtenir une réponse nette de Gamelin. Car dans les rapports subtils qu'il adresse au président Daladier, on trouve le pour et le contre, le blanc et le noir, mais jamais la position ferme. Il est comme l'anguille qui passe toujours à travers les mailles du filet. Le général de Villelume apporte cette précision : En 1936, Gamelin préconise de ne pas intervenir en Rhénanie, tandis qu'en mai 1938, il prétend pouvoir battre l'Allemagne. Jusqu'en 1939, il refusa d'entrer en Belgique et, en 1940, fait le contraire, puis prétend attaquer la ligne Siegfried en 1941.
Pendant la « drôle de guerre » de septembre 1939 à avril 1940, Gamelin est complètement passif. Le 10 mai 1940, il commet la faute fatale en ordonnant que son armée de sept divisions traverse la Belgique en direction d'Anvers afin de soutenir les forces hollandaises et belges. Le maréchal Montgomery écrit dans ses Mémoires : Son mouvement en avant fut une des plus graves erreurs de Gamelin, car il rompit l'équilibre de tout le front nord-est. Les choses n'auraient sans doute pas si mal tourné si cette armée avait été tenue en réserve derrière le flanc gauche.
Les conséquences d'une syphilis
Sa carence intellectuelle, son manque de rigueur dans l'analyse, ses exposés compliqués, filandreux, se perdant dans les détails, son manque de jugement, son impulsivité, ses contradictions, ses télescopages mnémoniques, qui lui font confondre les deux guerres mondiales de 1914-1918 et de 1939-1945, doivent s'expliquer par des troubles pathologiques de la mécanique cérébrale.
Des médecins ont donné la date de 1932 pour l'impaludation pratiquée sur Gamelin, confirmant de manière implicite le diagnostic de syphilis, maladie qu'il aurait contractée au Brésil alors qu'il occupait le poste d'attaché militaire à l'ambassade de France.
Mais, en 1939, aucun médecin militaire du Val-de-Grâce ne s'est permis d'évoquer le chancre syphilitique du généralissime. On voit où peut conduire le secret médical absolu...