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Les métiers oubliés...

Foires et marchés
en 1900

Comment vivaient
nos ancêtres

En 1901 la France rurale vit encore au rythme de ses foires. On en compte plus de vingt-cinq mille chaque année. Il y en a de toutes les espèces, et leur importance varie d'une ville à l'autre. Aucune, cependant, ne soutient la comparaison avec les immenses rassemblements du temps passé.

Les foires étaient mensuelles, bimensuelles ou annuelles

foires et marchés en 1900
Le marché était un rendez-vous régulier qui ponctuait la vie routinière des campagnes. Il se tenait sur la place du bourg chaque semaine, à jour fixe, de manière à ne pas concurrencer ceux des villages du même canton. Les paysannes qui habitaient au loin s'y rendaient en carriole, au trot de leur âne; elles apportaient des volailles, des oeufs, du beurre et des fromages, des légumes. C'était là qu'on traitait ses affaires, mais c'était surtout là qu'on se rencontrait, qu'on apprenait les dernières nouvelles, qu'on causait de la pluie ou du beau temps et, enfin, qu'on trinquait à l'auberge pour bien montrer que la journée avait été bénéfique. Autrefois, les retours de certains marchés restaient une aubaine pour les détrousseurs de maltournées.
Les foires étaient mensuelles, bimensuelles ou annuelles, plus rarement trimestrielles ou semestrielles. La plupart, tout à la fois distrayantes et mercantiles, étaient des maintenances de lendits moyenâgeux : il s'y serrait les baraques des camelots et les manèges forains. Les bateleurs et les bonimenteurs tenaient le haut du pavé. D'importance pour le moins cantonale, une foire se déroulait à date et lieu précis, souvent sous le vocable d'un saint protecteur ou à l'occasion d'une fête religieuse : la Pentecôte, l'Assomption, la Saint-Jean, la Saint-Martin. Les crieurs de chansons y côtoyaient les courtiers en grains ou en vins, les maîtres y rencontraient les domestiques, les filles honnêtes y cherchaient un mari courageux et les gourgandines y guettaient le bambocheur cousu d'or. En principe, les maquignons ne présentaient leurs bestiaux qu'en matinée, avant le déferlement des réjouissances populaires. Les marchés, quant à eux, étaient uniquement consacrés au petit commerce villageois, aux marchands itinérants, aux fermières et aux jardiniers. Sans provoquer la moindre liesse, ils revenaient chaque semaine à jour habituel, et les affaires traitées n'y aneignaient jamais des sommes faramineuses.

La réputation des foires

la foire aux oignons
Beaucoup de foires ont bâti leur réputation sur des produits du terroir auxquels elles ont associé leur nom. Il en est ainsi de la foire aux haricots d'Arpajon.
Mais l'exclusivité n'existe pas. La foire de Lafrançaise (Tarn-et-Garonne) peut proclamer haut et fort que ses oignons sont les plus beaux et les meilleurs du monde, rien n'interdit que se tiennent au Mans (Sarthe), à Riom (Puy-de-Dôme), Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), Coutras (Gironde), Givet (Ardennes), Vannes (Morbihan), Mantes (Seine-et-Oise) ou ailleurs d'autres foires aux oignons, toutes plus fières les unes que les autres de leur production.
Les marrons et les châtaignes sont eux aussi l'objet de foires multiples, par exemple à Mareuil-sur-Belle (Dordogne), Cuiseaux (Saône-et-Loire), Bourgueil (Indre-et-Loire), Creil (Oise), Mezin (Lot-et-Garonne), Saint-Pons-deThomières (Hérault). Les amateurs d'escargots trouvent à Montigny-les-Bains (Vosges) de quoi satisfaire une gourmandise bien française. On ne s'étonnera pas que le fromage de Coulommiers soit fêté dans sa ville, mais il existe aussi des foires au fromage à Chaource (Aube) et à La Capelle (Aisne). Le Val-d'Ajol (Vosges) se distingue par sa foire aux andouilles, tandis que, non loin de là, Montheureux-sur-Saône exhibe ses boudins et Bulgnéville, ses jambons.
Oies, dindes, dindons et autres volailles ont leur foire à Gacé (Orne), Hautefort (Dordogne), Grenade-sur-Adour (Landes), Le Creusot (Saône-et-Loire), Castelnau-Magoac (Hautes-Pyrénées). Dans ce domaine, les foires de Loué (Sarthe) attirent, le premier mardi de chaque mois, des foules nombreuses. Des foires à l'ail prennent leurs quartiers en des lieux aussi différents que Toulouse, Nouvion-en-Thiérache (Aisne) ou Bapaume (Pas-de-Calais). La Chaise-Dieu (Haute-Loire) propose ses champignons et Ligueil (Indre-et-Loire) ses cornichons. Si l'on veut du bon miel, c'est sur les foires du Gâtinais, de Bourgogne, de Bretagne, de Saintonge et des départements alpins qu'il faut aller le chercher.
Montferrand (Puy-de-Dôme) se singularise par une « sauvagine » où les amateurs de peaux trouvent en abondance fourrures de renards, blaireaux, écureuils, martres, loutres, chats sauvages. Mais ce n'est pas pour leur peau que sont proposés aux chalands les félins domestiques dont la foire de Jargeau (Loiret) s'est fait une spécialité, tandis que celles de Parçay-lesPins (Maine-et-Loire) et Valence-d'Agen (Tarn-et-Garonne) présentent à leur clientèle des chiens de toutes races. Toutes ces manifestations ont permis, avec l'édition de milliers de cartes postales pittoresques, l'établissement d'une correspondance qui était le reflet d'une certaine manière de vivre.

Des chevaux par milliers

foire aux chevaux en 1900
Chaque année se tient en France un nombre impressionnant de foires aux chevaux. Deux cents d'entre elles sont considérées comme des manifestations importantes. La plus renommée est celle de Guibray, un faubourg de Falaise, où se négocient surtout des animaux de luxe, mais aussi des bêtes de toutes catégories. Cette foire se déroule du 6 au 15 août. La Normandie, terre du cheval par excellence, propose également les multiples et brillants produits de ses élevages à Bayeux, Argences, Caen, Condé-surNoireau, Formigny, Saint-Omer, Vire, Bernay, Bonneval, La Loupe, Chartres, Courtalain, Chassant, Senonches, Folligny, Brix, La Pernelle, Saint-Floxel, Saint-Lô, Alençon, Bellême, Domfront, Mortagne, Rouen, Yvetot, Lessay, Fresnay-le-Vic, Beaumont-le-Vicomte.
Les amateurs de pur-sang, de poulains, de percherons, et autres poulinières ont l'embarras du choix. À Gavray (Manche), on vient de Paris le 18 octobre pour s'approvisionner en chevaux de fiacre et de service.
Dans le centre, les foires de Saint-Saulge, Tannay, Champlemy, Saint-Révérien se partagent les clientèles du Nivernais et des régions avoisinantes. La foire de Pont-Saint-Marcel, dans l'Indre, est connue pour ses trotteurs légers du Limousin et de la Creuse. La plus grande foire de Bretagne se tient à Dinan les deuxième et quatrième jeudis de carême avec des chevaux entiers et des poulains de gros trait et de trait léger. On vient à Sommières (Gard), le 7 avril, acheter des mules du Poitou et des chevaux de toutes provenances.
L'acquisition d'un cheval est difficile, tant sont nombreux les pièges tendus à l'acheteur. Les stratagèmes de certains maquignons consistent à maquiller les maladies, les imperfections et déformations des bêtes qu'ils veulent vendre le plus cher possible. Lorsque, par exemple, un cheval est atteint de l'enflure d'un jarret, on aura au préalable frappé à coups de maillet sur le jarret sain afin d'obtenir une enflure identique.
Pour duper le cultivateur, il existe le frottage au verre pilé pour les animaux lymphatiques, l'opium administré à la bête ombrageuse, la queue postiche, les poils collés à l'endroit d'une vieille cicatrice révélatrice, le maquillage des dents pour tenter de rajeunir l'animal, la potion à base d'alcool et d'arsenic à faible dose pour redonner une vitalité momentanée au cheval malade de la pousse, une affection pulmonaire incurable. Les affections de la sole du pied sont camouflées en y coulant de la gutta-percha, que l'on badigeonne pour masquer la supercherie. On introduit dans l'anus de l'animal un morceau de gingembre ou de piment pour redonner du panache à la queue de l'animal.
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