Foires et Marchés en 1900
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Le marché était un rendez-vous régulier qui ponctuait la vie routinière des campagnes. Il se tenait sur la place du bourg chaque semaine, à jour fixe, de manière à ne pas concurrencer ceux des villages du même canton. Les pay-
sannes qui habitaient au loin s'y rendaient en carriole, au trot de leur âne; elles apportaient des volailles, des oeufs, du beurre et des fromages, des légumes. C'était là qu'on traitait ses affaires, mais c'était surtout là qu'on se rencontrait, qu'on apprenait les dernières nouvelles, qu'on causait de la pluie ou du beau temps et, enfin, qu'on trinquait à l'auberge pour bien montrer que la journée avait été bénéfique. Autrefois, les retours de certains marchés restaient une aubaine pour les détrousseurs de maltournées.
Les foires étaient mensuelles, bimensuelles ou annuelles, plus rarement trimestrielles ou semestrielles. La plupart, tout à la fois distrayantes et mercantiles, étaient des maintenances de lendits moyenâgeux : il s'y serrait les baraques des camelots et les manèges forains. Les bateleurs et les bonimenteurs tenaient le haut du pavé. D'importance pour le moins cantonale, une foire se dérou-
lait à date et lieu précis, souvent sous le vocable d'un saint protecteur ou à l'occasion d'une fête religieuse : la Pentecôte, l'Assomption, la Saint-Jean, la Saint-Martin. Les crieurs de chansons y côtoyaient les courtiers en grains ou en vins, les maîtres y rencontraient les domestiques, les filles honnêtes y cherchaient un mari courageux et les gourgandines y guettaient le bambocheur cousu d'or. En principe, les maquignons ne présentaient leurs bestiaux qu'en matinée, avant le déferlement des réjouissances populaires. Les marchés, quant à eux, étaient uniquement consacrés au petit commerce villageois, aux marchands itinérants, aux fermières et aux jardiniers. Sans provoquer la moindre liesse, ils revenaient chaque semaine à jour habituel, et les affaires traitées n'y aneignaient jamais des sommes faramineuses.

Beaucoup de foires ont bâti leur réputation sur des produits du terroir auxquels elles ont associé leur nom. Il en est ainsi de la foire aux haricots d'Arpajon.
Mais l'exclusivité n'existe pas. La foire de Lafrançaise (Tarn-et-Garonne) peut proclamer haut et fort que ses oignons sont les plus beaux et les meilleurs du monde, rien n'interdit que se tiennent au Mans (Sarthe), à Riom (Puy-de-Dôme), Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), Coutras (Gironde), Givet (Ardennes), Vannes (Morbihan), Mantes (Seine-et-Oise) ou ailleurs d'autres foires aux oignons, toutes plus fières les unes que les autres de leur production.
Les marrons et les châtaignes sont eux aussi l'objet de foires multiples, par exemple à Mareuil-sur-Belle (Dordogne), Cuiseaux (Saône-et-Loire), Bourgueil (Indre-et-Loire), Creil (Oise), Mezin (Lot-et-Garonne), Saint-Pons-deThomières (Hérault). Les amateurs d'escargots trouvent à Montigny-les-Bains (Vosges) de quoi satisfaire une gourmandise bien française. On ne s'étonnera pas que le fromage de Coulommiers soit fêté dans sa ville, mais il existe aussi des foires au fromage à Chaource (Aube) et à La Capelle (Aisne). Le Val-d'Ajol (Vosges) se distingue par sa foire aux andouilles, tandis que, non loin de là, Montheureux-sur-Saône exhibe ses boudins et Bulgnéville, ses jambons.
Oies, dindes, dindons et autres volailles ont leur foire à Gacé (Orne), Hautefort (Dordogne), Grenade-sur-Adour (Landes), Le Creusot (Saône-et-Loire), Castelnau-Magoac (Hautes-Pyrénées). Dans ce domaine, les foires de Loué (Sarthe) attirent, le premier mardi de chaque mois, des foules nombreuses. Des foires à l'ail prennent leurs quartiers en des lieux aussi différents que Toulouse, Nouvion-en-Thiérache (Aisne) ou Bapaume (Pas-de-Calais). La Chaise-Dieu (Haute-Loire) propose ses champignons et Ligueil (Indre-et-Loire) ses cornichons. Si l'on veut du bon miel, c'est sur les foires du Gâtinais, de Bourgogne, de Bretagne, de Saintonge et des départements alpins qu'il faut aller le chercher.
Montferrand (Puy-de-Dôme) se singularise par une « sauvagine » où les amateurs de peaux trouvent en abondance fourrures de renards, blaireaux, écureuils, martres, loutres, chats sauvages. Mais ce n'est pas pour leur peau que sont proposés aux chalands les félins domestiques dont la foire de Jargeau (Loiret) s'est fait une spécialité, tandis que celles de Parçay-lesPins (Maine-et-Loire) et Valence-d'Agen (Tarn-et-Garonne) présentent à leur clientèle des chiens de toutes races. Toutes ces manifestations ont permis, avec l'édition de milliers de cartes postales pittoresques, l'établissement d'une correspondance qui était le reflet d'une certaine manière de vivre.

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